Une tonne et demi d’ivoire de contrebande et trois personnes ont été arrêtées par les autorités judiciaires de Lubumbashi, ville considérée comme la plaque tournante du trafic d’ivoire. Les organisations de protection de l’environnement pensent que ces défenses d’éléphants proviendraient de plusieurs pays d’Afrique australe.
D’après maître Sabin mande, la saisie a eu lieu dans l’enceinte d’un hôtel de Lubumbashi.
‹‹ Cet hôtel a été choisi comme lieu de livraison. Les 1500 kilos d’ivoires emballés dans 18 sacs, sont gardés à l’inspection judiciaire. C’est vraiment un massacre parce que quand vous regardez des ivoires c’est pour des éléphants très mûrs. Le problème qui nous choque, est celui de situer la zone de provenance, même le rythme de braconnage pour déterminer la zone la plus fragile en terme de criminalité environnementale ››, a déclaré Maître Sabin Mande activiste de la protection de l’environnement.
Et d’ajouter :
‹‹ Cinq personnes ont été arrêtées dont deux ont pris la fuite lors de l’interrogatoire. Les trois détenus tous congolais disent avoir été des simples transporteurs ne connaissant ni la provenance, ni la destination de cette ivoire ››.
La saisie du 14 mai il faut le dire, est l’une des plus importantes de ces dernières années, selon Adams Cassinga, qui dirige Conserv Congo, une ONG qui lutte contre le trafic d’espèces sauvages et qui a participé à l’opération. La valeur de l’ivoire saisi est estimée à six millions de dollars américains, a-t-il précisé.
Les autorités judiciaires disent quant à elles, que les trois personnes sont soupçonnées d’être membres de l’un des principaux réseaux de trafic d’espèces sauvages de la région. Le réseau est lié à la contrebande de 20 tonnes métriques d’ivoire au cours des cinq dernières années.
L’opération de Lubumbashi a été menée par l’Institut national pour la Conservation de la Nature (ICCN). Elle a impliqué des membres de la police nationale congolaise (PNC), des fonctionnaires de la justice et l’ONG Conserv Congo, selon une source contactée sur place par Surveillance.cd.
La dernière saisie représente plus de 150 éléphants tués pour leurs défenses. Les défenses provenaient de pays d’Afrique australe (comme la Zambie voisine), qui ont connu une augmentation du trafic d’ivoire dans les années 2000, alimentée par la demande de l’Asie, en particulier de la Chine.
Au plus fort de la crise, 30.000 éléphants étaient tués chaque année, soit une moyenne de 80 par jour. Les populations d’éléphants d’Afrique ont diminué de 80% au cours des cent dernières années, selon une analyse du Fonds mondial pour la Nature (WWF).
Le braconnage a diminué ces dernières années, selon un rapport publié en 2021 par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), une organisation à but non lucratif basée à Genève. L’un des facteurs cités pour la baisse est l’affaiblissement des réseaux criminels en raison des rafles et des arrestations.
Deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie, la forêt équatoriale congolaise (2,3 millions de km2) abrite des espèces menacées comme les rhinocéros, les éléphants et les bonobos.
La saisie de ces 1500 Kilos d’ivoires faite à Lubumbashi représente entre 80 et 100 éléphants tués pour leurs défenses. Ce coup de filet enregistré par les autorités judiciaires de Lubumbashi est l’une des grosses prises réalisées sur le continent africain les dix dernières années.
Surveillance.cd