Les représentants de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est ont trouvé un accord.
Alors que dit ce texte ?
Le président Uhuru Kenyatta, président actuel de l’East African Community (EAC) et soutien de la première heure du président congolais, Félix Tshisekedi, a réussi à réunir chez lui, à Nairobi, les six autres représentants des pays qui constituent l’EAC pour tenter de trouver, en urgence, un début d’apaisement dans l’est de la RDC toujours prompt à s’enflammer.
Les sept États se sont entendus, selon les termes de l’accord signé lundi soir, pour mettre sur pied une force régionale qui sera chargée de ramener la paix dans l’Est de la RDC et en particulier dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Cet accord réparti en onze points, indique que les chefs d’État ont adopté une série de documents qui définissent notamment le statut et la structure de la future force, ses missions et la répartition géographique de ses troupes, mais sans livrer plus de détails.
Cet accord appelle aussi à un cessez-le-feu immédiat et au retrait des positions prises récemment par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
C’est qui est étonnant, aucun nom n’est cité dans ce texte. Jamais le mouvement rebelle du M23 n’est évoqué, jamais le nom du Rwanda n’est écrit, jamais la ville de Bunagana, conquise par les rebelles sur la frontière entre la RDC et l’Ouganda, n’apparaît. Seules les provinces de l’est de la RDC sont nommées.
Une question qui pousse à dire que le pouvoir congolais a visiblement échoué à mettre l’accent sur les responsabilités de Kigali qu’il a pourtant martelé depuis des semaines.
Selon le gouvernement congolais la force régionale qui doit être mise sur pied sera placée sous le commandement militaire du Kenya. Elle devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines et ne pas comprendre en son sein d’éléments de l’armée rwandaise. Les autorités congolaises avaient déjà indiqué qu’elles ne souhaitaient pas du Rwanda dans cette force.
Mais à la grande surprise de tous, rien de tout cela dans le texte de l’accord signé par les sept chefs d’État, ni dans les tweets du président ougandais, Yoweri Museveni, qui a salué par contre une ‹‹conclusion heureuse›› avant de démontrer que ‹‹les problèmes affectant la région comme la crise au Congo nécessitent une approche collective de la part de tous les membres››
Bref, Kigali fait partie de la solution ?
Une force régionale pour ramener la paix dans l’est de la RDC sans le Rwanda, considéré comme la meilleure armée de la région ? Il est évident que le Rwanda fait partie de la solution. Le tenir à l’écart n’a pas de sens. Si vous les impliquez, il sera plus difficile pour eux de continuer à jouer les boutefeux, a expliqué un militaire européen à nos confrères de la LibreAfric qui connaît la région et qui insiste sur la conclusion du texte, où les hôtes remercient le président congolais pour sa détermination à jouer la carte régionale pour ramener la paix dans l’est de la RDC. Ils font ainsi peser le poids de la démarche sur les épaules congolaises. Rien pour les autres. Une situation qui étonne les congolais.
Steven Muhindo