Les enquêteurs en charge du dossier qui continue à défrayer la chronique à la présidence de la République, ne négligent rien. Ils paraissent avoir hâte d’ordonner les pièces du puzzle et découvrir toutes les personnes compromises dans la fuite et le transfert vers les services d’intelligence rwandais des photos d’une rencontre secrète, dans la capitale RD-congolaise, entre le président Félix Tshisekedi et un émissaire du président burundais, Evariste Ndahimishiye.
Ces derniers ont déjà convoqué, entendu et décidé de coffrer deux membres de la garde rapprochée du Chef de l’Etat, à savoir le Coordonnateur de sa sécurité interne, Didier Baitopala Mafuta, et son Directeur de protocole, Freddy Kangudia. Un autre cadre de la Présidence entendu dans cette affaire, Claude Ibalanky, Coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba, a été assigné à résidence surveillée.
Le premier est non seulement médecin mais aussi militaire sorti de l’École de formation des officiers de Kananga -EFO. Il a aussi servi comme secrétaire particulier du Général Likulia, l’ancien premier ministre militaire du dernier gouvernement du maréchal Mobutu. Le second lui, est un Ambassadeur de carrière initialement nommé Directeur adjoint du Protocole par Félix Tshisekedi mais demeuré seul aux commandes de cette Direction sensible après la nomination du titulaire, John Nyakeru, aux fonctions d’ambassadeur de la République démocratique du Congo au Kenya, après avoir tous deux servi au Cabinet présidentiel sous Joseph Kabila, sous les ordres directs de l’ambassadeur Makonga Muana Ute. Universitaire, homme d’affaires passé par des multinationales avant de se mettre à l’activité politique, le troisième a été Conseiller chargé de la Diplomatie, Stratégies et Relations Extérieures de Félix Tshisekedi, alors président national de l’UDPS avant d’occuper son poste actuel au Mécanisme national de suivi.
Les deux hommes parmi les trois hauts cadres, sont des hommes de métier, assez expérimentés pour ne pas, sauf imprudence ou naïveté à défaut de complicité, commettre la faute lourde à la base de leurs ennuis.
« Si le péché commis par Kangudia et Baitopala, un des hommes de confiance du président, semble indéniable, indiscutable, irréfutable, il est aussi établi à la Présidence de la République que les deux n’ont pas des liens directs avec Kigali, où les photos à problème sont supposées avoir été transmises par ricochet », a laissé entendre un expert en matière de sécurité, qui a évoqué la thèse de responsabilité collective.
Obligation d’un comportement au-dessus de tout soupçon
Dans un pays où un ancien président de la République, Laurent Désiré Kabila, a été abattu en janvier 2001, en plein jour, dans ses bureaux, dans le contexte d’une guerre d’agression par le même pays voisin, il y a des raisons de s’émouvoir, de se poser des questions, de scruter les moindres détails… Qui a, qui ont donc pu donner l’ordre de prendre ces clichés auprès du photographe? En échange de quoi? Pourquoi a-t-il, ont-ils contourné le responsable attitré, il en existe un, des images photos et vidéos du Chef pour se les procurer ?
Qui a, qui ont pu les faire parvenir entre les mains des flics rwandais? Ils l’ont fait à quel dessein? Était-ce le premier coup? Alors que les questions fusent de partout, les pistes conduisent, à en croire des sources concordantes citées par le média AfricaNews, ‹‹ aux rares proches collaborateurs du président Tshisekedi réputés avoir des contacts avec la capitale rwandaise, notamment un assistant et un puissant conseiller du Chef de l’État, devenus la prochaine cible prioritaire des investigateurs, après les trois premiers suspects.
« L’un a déjà été soumis aux premiers interrogatoires, l’autre pas encore mais cela devrait commencer en début de cette semaine sauf imprévu. C’est vraiment le souhait d’un grand nombre à la Présidence où les proches collaborateurs du Chef ont l’obligation d’avoir un comportement au-dessus de tout soupçon », précisent ces sources tout en affirmant que les prochains jours s’annoncent donc chauds. Suspense.
Mais comment en est-on arrivé là? Selon des sources recoupées au Palais de la Nation et à la Cité de l’Union Africaine par AfricaNews, « il s’agit d’une affaire liée à une rencontre rangée top secrète entre le président Félix Tshisekedi et un émissaire de son homologue burundais, Les photos y relatives ont été fuitées, en violation des consignes de la Présidence de la République Démocratique du Congo, et ont été transmises aux services de Paul Kagame qui les ont publiées, à la grande surprise de Kinshasa et Bujumbura », a confié un fonctionnaire anonyme au Palais de la Nation.
Et d’ajouter:
« Depuis, le coordonnateur de la sécurité interne Didier Baitopala et le Directeur du protocole Freddy Kangudia, qui ont pu se procurer ces photos auprès d’un photographe membre de la Presse présidentielle, ont été interpellés. Ils sont soupçonnés d’avoir des liaisons suspectes avec Kigali ».
Également interpellé et auditionné par les Services de sécurité, l’averti photographe de presse Marcel Shako a été relâché et a repris du service, à en croire les mêmes sources. «Mais Claude Ibalanky, le Coordonnateur du Mécanisme national de suivi associé à cette rencontre secrète, a été assigné à résidence dans le même dossier pour enquêtes appropriées», affirment ces sources.
Alors que l’intéressé a négocié et obtenu sa présence dimanche 13 novembre à Kinshasa à une cérémonie consacrée au territoire d’Idiofa, une source indépendante a tout de suite recadré: « Ce sont d’autres images pour essayer de tromper la vigilance mais le problème est grave. La preuve c’est qu’il n’a pas fait le déplacement de Nairobi pour prendre part à une importante rencontre sur un processus qu’il a piloté depuis sa nomination au Mécanisme national de suivi ». N’empêche, la suite musclée que le Palais de la Nation tend à réserver à cette fuite à Kigali des clichés estampillés secrets prouve à quel point Kinshasa prend l’affaire au sérieux, surtout qu’elle coïncide avec la prophétie du pasteur Rolland Dalo, cet homme de Dieu de renom qui a récemment affirmé avoir eu des révélations sur un présumé plan consistant à éliminer physiquement le président Félix Tshisekedi, concocté par les présidents de trois pays frontaliers de la République démocratique du Congo et un président d’un pays d’Afrique de l’Est.
Surveillance.cd