Il se tient depuis cinq jours la troisième phase des pourparlers de Nairobi, piloté par la Communauté de l’Afrique de l’Est, l’EAC. Des chefs d’État de l’EAC, délégués congolais, des représentants de la société civile et des groupes armés, sont réunis. Les travaux sont censés poser les bases politiques d’un processus de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), expliquer également son fonctionnement et dialoguer pour élaborer des pistes de mise en œuvre.
Ici, on appelle à la paix. Les groupes armés présents sont félicités pour leur patriotisme et les absents sont menacés d’attaque par la force régionale s’ils refusent de déposer les armes. Pour certains acteurs armés, c’est la cinquième fois en quatre ans que le gouvernement les invite au dialogue. Alors quel espoir pour ces pourparlers ?
Pour Eliora Henzler, coordinatrice du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), projet du Groupe d’étude sur le Congo, sii Les gouvernements n’arrivent ni à gagner militairement ni à convaincre les groupes armés à déposer les armes, leurs revendications se feront entendre par la voie armée
Force est de constater le bilan mitigé des opérations militaires conduit et par le gouvernement congolais par le truchement de son armée les FARDC et par les communautés extérieures depuis quelques temps. Du « Nairobi I et II » en passant par le Mini-sommet de Luanda au processus « Nairobi III » dernier, aucune solution semble être efficace ni des résolutions semblent envoyer de la foudre aux terroristes du M23 et de tous les autres groupes armés.
Le massacre civil de Kishishe du 30 au 2 décembre en est la preuve capitale.
D’un côté chaque groupe armé dit patriote s’est présenté à Nairobi III avec son cahier de charge et d’un autre, le claquement de la porte par le Baniama Mulembe sur la présence dans certains secteurs au Nord-Kivu de Mayi Mayi et Retrabara par exemple. Chacun est prêt à prendre des armes à tout moment pour défendre ce dont ils trouvent justes.
Cette guerre est au coeur des préoccupations de tous. Les éléments extérieurs engagés dans la crise montrent combien on en trouve l’intérêt. Le dénominateur commun demeure l’application du PDDRS « Programme du Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et de Stabilité dans la partie Est de la RDC«
Mais à quel prix et sous quelle motivation ? Vite la question est posée, vite elle est répondue notamment par la société civile.
Selon Eliora Henzler coordinatrice du Baromètre sécuritaire de Kivu, la chance de voir l’armée étrangère en l’occurrence Force Kenyane réussir à imposer la paix dans la région de l’Est est très réduite suivant la logique de plusieurs membres de la société civile sur place.
« En plus des FARDC et de la MONUSCO ne parvenant pas à obtenir gain de cause sur le champ de bataille, qui de ces militaires kényans souhaiteraient se donner la mort au Congo ? », s’interroge t-elle
« La guerre semble inévitable à ce jour, aucune assise ne calme le jeu. Les pourparlers sans issues favorables sont une goutte d’eau débordant la vase terroriste. Ni le gouvernement ni les communautés tant régionales que internationales s’engagent honnêtement pour tenir les engagements à fin d’appliquer le « PDDRS. Résultat: l’Enlisement de ce conflit », martèle Eliora.
Il faut en voir, au delà de la situation simple sécuritaire, tout est politique. Y compris les forces régionales qui ont leur propre agenda et motivation.
Chaupin Emmanuel LUTOBO