Pendant une semaine, plus de 200 représentants des groupes armés et de la société civile étaient autour de la table aux pourparlers de Nairobi III pour tenter de voir comment ramener la paix dans l’Est du pays. Dans le communiqué final, lu par Serge, le mandataire du président congolais pour le processus de Nairobi, les groupes armés ont accepté les résolutions de ces pourparlers et signé l’un après l’autre le communiqué. Satisfaction générale affichée, mais tout le monde attend de voir comment se déroulera l’application sur le terrain, car ils ont (groupes armés) exigé la nomination d’un nouveau coordonnateur à la tête du PDDRCS et certains ont ému le vœu d’intégrer de défense et sécurité de la rdc.
Ce communiqué évoque plusieurs requêtes qui ont été formulées par les groupes armés pour déposer les armes, notamment la libération de leurs prisonniers. Sur ce point, un comité doit être formé pour étudier les demandes une par une, ce qui pourrait amener à la libération de certains détenus.
Le PDDRCS, le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, doit aussi être mis en place, mais des discussions doivent avoir lieu concernant son équipe de coordination, suite à des inquiétudes soulevées. Certains ont fait part de leur manque de confiance à l’égard d’animateurs du programme ou de miliciens souhaitant intégrer l’armée congolaise.
Enfin, dans sa lecture, Serge Tshibangu a cité deux demandes du facilitateur de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) pour la RDC, Uhuru Kenyatta.
Premièrement, que les milices rebelles cessent les hostilités, permettent un accès humanitaire et relâchent les enfants soldats. Deuxièmement, que les groupes armés étrangers se désarment et retournent dans leur pays d’origine.
« Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits. Pourquoi ? Parce qu’avant que nous déposions les armes, il faut que ces groupes armés étrangers rentrent d’abord dans leur pays d’origine. Dans ce cas-là, nous serons prêts à déposer les armes », a expliqué Aimable Nabulizi, porte-parole de la milice Biloze Bishambuke, du Sud-Kivu sur les antennes de RFI.
Les groupes armés étrangers ne sont pas mentionnés dans le communiqué signé mais Uhuru Kenyatta, le facilitateur du processus de Nairobi, a réitéré dans son discours qu’ils devaient effectivement quitter le territoire congolais. L’ancien président kényan s’est dit « satisfait » des progrès réalisés même si « tout n’est pas terminé ».
De prochaines rencontres sont déjà prévues à Goma, Bukavu et Bunia en janvier 2023 pour évaluer les avancées de cette feuille de route et planifier des actions.
Signalons que sur terrain, dans une déclaration faite, les terroristes du M23 se disent prêts à déposer les armes et à se retirer des territoires qu’ils occupent dans l’Est de la RDC. Cependant, ce mouvement rebelle soutenu par le Rwanda conditionne son retrait par le dialogue direct avec Kinshasa, même s’il n’était pas représenté au mini-sommet de Luanda il y a deux semaines.
Le mouvement rebelle continue d’affirmer qu’il respecte le cessez-le-feu, même si les combats n’ont jamais vraiment cessé dans l’extrême ouest du territoire du Rutshuru. Il réitère également sa demande d’un dialogue direct avec le gouvernement congolais pour « trouver une solution durable aux causes du conflit dans l’est de la RDC » et souhaite une réunion avec la force régionale d’Afrique de l’Est.
Cette annonce intervient dans un contexte de forte pression. Depuis quelques jours, les autorités congolaises pointent du doigt le M23 suite à la tuerie de Kishishe. Le M23 rejette ces accusations. Elle intervient aussi après la conversation téléphonique entre le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et le président rwandais Paul Kagame.
Pour rappel, lors du mini-sommet de Luanda, les participants demandaient un cessez-le-feu, puis un retrait immédiat du M23 de ses positions. Le mouvement rebelle avait alors répondu ne pas être concerné par ce communiqué.
Robert KAMUNGA