Le défilé a eu lieu au cimetière de la Gombe à Kinshasa qui est devenu un véritable podium de mode à l’occasion de la journée de la sape. Le mot Sape est le diminutif de « Société des ambianceurs et des personnes élégantes » (Sape), fanatiques de « kitendi », l’habillement en lingala. Debout sur des tombes, de jeunes « sapeurs » exhibent fièrement leurs vêtements griffés. Le temps d’un hommage à Stervos Niarcos, une figure de la Sape congolaise décédée en 1995.
Mama Afrika, elle-même sapeur, explique leur démarche :
« Aujourd’hui c’est le 10 février l’anniversaire de la mort de Servos Niarcos qui a passé 28 ans dans la clandestinité, c’est comme une fête pour nous les sapeurs aujourd’hui ».
La journée de la Sape devra se poursuit avec un défilé de sapeurs sur le Boulevard principal du Centre Ville de Kinshasa, c’est aussi l’occasion de demander une reconnaissance. L’art de la Sape, qui est à l’origine d’une culture unique au Congo, reste peu valorisé par le gouvernement.
La Sape est un moyen d’expression mais aussi un moyen d’exister pour des jeunes souvent au chômage, le mouvement s’est développé dans les années 80 en République démocratique du Congo, avec des ambassadeurs de renom tel que le chanteur Papa Wemba.
Pour rappel, la Sape s’est développée dans les années 1960 au Congo Brazzaville, où elle est née, et en République démocratique du Congo. A Brazzaville, c’est plutôt ambiance dandy, avec costume, chapeau, canne à la main ou pipe à la bouche ; à Kinshasa, l’excentricité est de bon ton : coton, soie, fourrure, lin se côtoient dans un mariage de couleurs parfois déroutant. Sûrs de leur goût, les Kinois prient chaque fois pour les sceptiques : « ô Dieu de la Sape (…), pardonne à tous ceux qui ne savent pas s’habiller ! »
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