S’exprimant dans des termes aussi crus lors de sa visite à Kinshasa capitale de la RDC, le président français n’est pas allé par quatre chemins pour rappeler à l’État congolais ses responsabilités. Emmanuel Macron répondait ainsi à la question d’un confrère congolais qui demandait à la France comment compte-t-elle réparer le préjudice causé lors de l’opération turquoise au moment où la RDC avait ouvert un couloir humanitaire et qui aujourd’hui, lui a coûté 10 Millions de morts.
«Je suis pour la vérité et non pour porter le fardeau», lâche le président français qui rappelle que depuis 1994 plusieurs pays de la sous-région sont rentrés en République Démocratique du Congo et faisant prospérer plusieurs groupes rebelles en récupérant d’ailleurs beaucoup de richesses minières et économiques qui devraient revenir aux congolais, d’où a-t-il suggéré, l’État congolais devrait prendre ses responsabilités pour restaurer la paix sur son territoire national.
« Ce n’est pas la faute de la France. Depuis 1994, vous n’avez pas été capable de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays et c’est aussi une réalité. Il ne faut pas chercher les coupables à l’extérieur de cette affaire », a répondu Emmanuel Macron qui s’est excusé pour des mots aussi crus.
Certes, cette situation a conduit à des drames absolus et à des millions de morts qui sont restés inoubliables dans les mémoires des congolais. Pour Macron, il est impératif que la RDC arrive à mettre en place une justice transitionnelle qui sera à mesure de juger tous les criminels de guerre.
« Ce n’est pas à la France de le faire, mais plutôt à la RDC de mettre en place une vraie justice qui sera la clé pour que celles et ceux qui parfois ont tué soient jugés. Et parfois ils évoluent encore, ils ont même des responsabilités. Comment voulez-vous qu’une paix durable soit là pendant que la justice ne pas été mise en avant. N’accusez pas la France pour quelque chose qui dépend de vous », a-t-il démontré.
Rappelons que depuis 30 ans, la situation sécuritaire à l’Est de la RDC est devenue inacceptable pour les congolais qui sont fatigués chaque foisde compter le nombre de personnes tuées. «Oui pour faire la vérité sur l’histoire et non pour prendre le dit la France.»
« Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité et le retour sur le territoire et faites passer la justice transitionnelle pour que vous n’ayez pas des coupables et des criminels de guerre encore en responsabilité ou sur le terrain, soyez aussi intraitables avec tous les voisins de la sous-région quand ils viennent vous piller et nous serons toujours à vos côtés », a conclu Emmanuel Macron.
En réaction, le Professeur Sylvain Kantolomba pense qu’aujourd’hui les congolais sont devenus dans ce qu’il appelle «l’éternel rappel», un peu comme le pape l’a fait récemment. Pour ce scientifique avéré, la RDC a raison d’accuser la France d’autant plus qu’il est partenaire des ennemis du pays. Malheureusement dit-il, il est déplorable de constater clairement et sans ambages que ceux qui sont pointés, rejettent la responsabilité.
« Désormais la RDC doit changer son approche en terme de considération ou en terme de recherche de solution. Nous devons plus privilégier l’approche interne qui doit d’ailleurs prendre le dessus sur les autres approches. C’est vrai que les autre nous accompagnent, mais nous-même, devons-nous nous prendre en charge », a fait savoir Sylvain Kantolomba.
Pour l’heure avec la situation sécuritaire qui reste toujours d’actualité en RDC, les congolais sont appelés à multiplier des stratégies afin de mettre fin au plan des ennemis qui consiste à déstabiliser la partie Est de la République.
Ben AKILI