La plupart des femmes doivent faire un choix entre leur travail et leurs responsabilités familiales. C’est là qu’intervient la convention de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), sur la protection de la maternité.
En RDC, particulièrement à Kinshasa, toute femme salariée bénéficie de plusieurs semaines de congé maternité. Cela pour se reposer avant l’arrivée du bébé et s’en occuper une fois qu’il est né, selon les modalités fixées par le code du travail.
Cependant, il est constaté une bavure autour de la question liée au congé de maternité relativement à la rémunération. Pourtant, dans son rapport intitulé « La maternité et la paternité au travail: législation et pratique dans le monde », publié en mai 2014, le Service des questions de genre, de l’égalité et de la diversité de l’OIT indiquait qu’environ 830 millions de femmes dans le monde ne bénéficiaient pas d’une protection de la maternité suffisante. Près de 80 pour cent de ces travailleuses se trouvent en Afrique et en Asie.
Selon l’article 130, de la loi N°015/2002 Du 16 Octobre 2002 portant Code du Travail congolais, stipule que pendant cette période de congé maternité que l’enfant vive où non, la femme salariée à droit aux tiers de sa rémunération ainsi qu’au maintien des avantages contractuels en nature, une méthodologie qui dure depuis des années. Mais actuellement, des voix s’élèvent pour condamner cette pratique.
Caroline Norah Pindi, Présidente de l’association des femmes architectes du Congo estime que la rémunération de femmes salariées pendant leur période de congé maternité est un problème qu’il faudrait à tout prix résoudre.
‹‹ Dans d’autres pays à savoir, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la Zambie ainsi que l’Ouganda, les femmes perçoivent 100% de leur salaire lors du congé de maternité. Mais ici en RDC, cela revient à 66%. C’est un « Problème sérieux », alors que pendant ce temps elles prennent soins des citoyens congolais, ce n’est pas comme si nous restons sans rien faire. Ce que nous faisons en restant à la maison avec ces bébés ça contribue à prendre soin, à l’évolution d’une meilleure santé parceque ce petit aura près de lui sa maman. Les personnes qui refusent de payer 100% de leur salaire à ces femmes en congé de maternité, si leurs mamans n’avaient pas pris soins de les entretenir pendant les trois premiers mois qui suivaient l’accouchement, seraient-ils ces grands hommes ou ses grandes dames dans la société ? ››, s’est-elle interrogée lors d’une interview accordée à Surveillance.cd.
Elle est complétée dans la même optique, par Maître Edmond Mbokolo Elima, Avocat au Barreau de l’Equateur pense que ledit article constitue une véritable entorse aux droits la femme.
‹‹ En tant que juriste praticien et défenseur des droits humains, j’ose croire que l’alinéa 2 de l’article 130 de la loi n°015/2002 portant code du travail tel que modifiée et complétée à ce jour, constitue une véritable entorse aux droits de la femme. Normalement, le salaire ne se paie pas uniquement dans le cas d’une démission ou licenciement. Par contre, lorsque le contrat est suspendu, le salarié doit bénéficier sa rémunération entière, sauf pour la prime qui ne se paie que si le travailleur y preste normalement. Le code du travail est un texte législatif qui protège plus le salarié, mais cette disposition est un moyen de discriminer une femme. Il est question, comme en droit comparé que la situation d’une femme en congé de maternité, soit vraiment régularisée dans le sens qu’elle doit percevoir son salaire entier et non le 2/3 prévu à l’article sous examen ››, explique t-il.
Et d’ajouter :
‹‹ Pour pallier à cette situation, et pour faire respecter les droits de la femme, le législateur congolais est prié de bien vouloir modifier cette disposition légale en reconnaissant à la femme, qui est en congé de maternité, la perception de la totalité de son salaire.››
Protection de la maternité
Élever une famille est un souhait que caressent nombre de personnes qui travaillent. Pourtant, la grossesse et la maternité sont des moments particulièrement difficiles pour les femmes employées et leur famille. Les femmes enceintes et les mères qui allaitent nécessitent une protection spéciale pour empêcher les dommages à leur santé et à celle de leur enfant, et elles ont besoin d’un temps suffisant pour accoucher, se rétablir et s’occuper des nouveau-nés.
Par ailleurs, lorsqu’elles travaillent, elles ont également besoin d’une protection pour être assurées qu’elles ne perdront pas leur emploi simplement en raison d’une grossesse ou d’un congé de maternité. Une telle protection garantit non seulement aux femmes l’égalité d’accès à l’emploi, mais aussi la continuité d’un revenu, souvent vital, et nécessaire au bien-être de toute la famille.
Préserver la santé d’une femme enceinte ou d’une mère qui allaite et la protéger contre la discrimination professionnelle sont indispensables si l’on veut parvenir à une véritable égalité de chances et de traitement pour les hommes et les femmes au travail, et permettre aux travailleurs d’élever leur famille dans des conditions de sécurité économique. Rappelons que dans les années antérieures, les délégués de la Conférence internationale du Travail ont adopté une nouvelle convention de l’OIT sur la protection de la maternité.
Gemima BOLUMBU