La rentrée scolaire est devenue un cauchemar pour les élèves et écoliers de l’Institut Imani et de l’école Primaire Akili de la sous-division de Kisangani 1. Depuis la rentrée, les portes des certains établissements scolaires publics de la convention protestante n’ont jamais ouvert leurs portes. La raison, le scellage des infrastructures où fonctionnent ces institutions d’enseignement par leur propriétaire. Monsieur Asia Clément réclame plus de cinq ans d’ arriérées des frais d’occupation auprès des gestionnaires.
Un groupe scolaire privé cédé à l’église
Les deux écoles fonctionnent dans deux bâtiments en dur érigés dans la propre concession de Mr Asia au PK 14 sur la route de l’aéroport de Kisangani. Dans ce milieu périphérique de la ville,elles sont les seules écoles avec une capacité d’accueil importante et des infrastructures plus au-moins convenables. L’année scolaire écoulée, environ six cents écoliers et élèves y ont étudié, indique sous couvert d’anonymat une autorité scolaire. D’après un membre de famille du propriétaire du site, les institutions étaient au départ privées. Vu les besoins de la population du milieu qui n’était pas à la hauteur de s’adapter financièrement aux exigences d’une école privée, le propriétaire décida d’offrir sa gestion à une église de la communauté protestante. D’après les conventions, seul la gestion devrait être assurée par la communauté religieuse. Le propriétaire des bâtiment devrait de sa part recevoir régulièrement des frais de loyer. Pendant plus de de cinq ans consécutifs, aucun frais n’aurait été versé par l’église,une situation qui a suscité de la colère.
Des enfants dans la rue
L’année dernière,Bibi y fini sa huitième année de base. Ce matin, elle voulait récupérer ses titres scolaires pour une inscription au sein d’une école du centre ville où est organisée l’option de son choix. À grande surprise, toutes les portes de l’école sont fermées et une longue herbe envahi déjà la cours. Dans l’embarras, elle s’approche de quelques enfants qui jouent dans la cours pour savoir où seraient le préfet de l’Institut. Personne ne sait. Sur le tableau d’affichage, aucune communication. «Le propriétaire de l’école l’a fermée», lui crie un de ses anciens collègues dans la cours. Perplexe, elle n’a pas d’autre choix que rentrer chez elle.
Ce samedi est la fin de la deuxième semaine depuis la rentrée. Cécile, une soixantaine, s’inquiète du sort de ses deux filles de la deuxième et troisième année primaire.«Mes filles n’ont pas d’âge pour parcourir plus de six kilomètres afin d’étudier et en plus, là c’est très coûteux», s’inquiète t-elle.
En effet, pour atteindre une autre école proche du milieu,il faut parcourir environ quatre kilomètres sur la route de l’aéroport. Une voie aussi dangereuse pour les plus jeunes. Ici,des engins roulent en vive allure. À en croire Monsieur Alain, «plusieurs enfants sont tamponnés chaque année par des véhicules automobiles causant des morts parmi eux».
De cette crainte, Mambele a décidé de garder ses enfants à la maison. Désormais, ils n’étudieront plus et devront l’accompagner dans son métier de bûcheron. Toutefois Mampoli,son premier fils de 9 ans et écoliers de la quatrième année primaire n’en veut pas. Son rêve, étudier comme plusieurs enfants de son âge.«Je veux seulement étudier », lance-t-il d’un visage triste.
Rêve en pleine rupture, sa situation est désormais similaire à celle d’autres centaines d’enfants de son avenue. Pour passer leur journée, certains de ses camarades de classe «pratiquent la pêche en hameçons dans la forêt marécageuses environnantes, volent des produits champêtres ou jouent seulement au football», témoigne t-il.
Il faut sauver l’éducation des enfants
Cette situation ne laissent pas indifférents les leaders communautaires locaux. Infirmier, enseignant et secouriste, Botende Baelongandi appelle à l’aide des autorités sectorielles.«J’ai essayé d’appeler le sous-proved à trois reprises sans succès. Je pense que maintenant je vais le suivre chez lui. Il faut sauver l’éducation des enfants», renchérit-il.
Depuis l’instauration de lagratuité de l’enseignement primaire en RDC, plusieurs écoliers en âge scolaires de la Tshopo ont repris le chemin de l’école. Toutefois leur niveau d’apprentissage reste toujours bas suite aux mauvaises infrastructures et à la qualification minimale des personnels enseignants moins motivés.
Benjamin Sivanzire