Arrivé au Kasaï Central en 2017 en réponse à la crise humanitaire du phénomène kamuina nsapu, Médecins sans Frontières lançait « le projet de prise en charge des survivantes des violences sexuelles à Kananga« , apportant ainsi un appui médical à l’hôpital provincial et à une dizaine de Centres de santé de référence en vue de soigner les survivantes des traumatismes (violences physiques) d’abord à l’hôpital provincial et puis, à travers les cliniques mobiles.
Six ans d’appui médical à l’hopital provincial et dans huit structures médicales de cinq zones de Santé ciblées après; MSF se désengage de ce projet en passant la main aux autorités sanitaires provinciales en vue de continuer cette prise en charge. L’annonce a été faite ce Mardi 26 Septembre 2023 dans un café de presse animé au bureau MSF, représentation de Kananga.
Madame Faida Kyamba, responsable du projet a dit dans sa communication que : « MSF a accompagné plus de 16.000 survivantes des violences sexuelles. Cette prise en charge médicale était aussi accompagnée du volet de la planification familiale où 7.422 femmes ont bénéficié de services de planification familiale.«
Pour la Responsable médicale de MSF, Docteur Bintou Deme: « Cette mutation de gestion a commencé progressivement depuis la fin de l’année 2022 où MSF a transféré en Décembre la gestion du Centre de la prise en charge des violences de l’hôpital provincial de Référence de Kananga aux autorités Sanitaires tout en maintenant l’appui de trois autres centres de Santé notamment ceux de Tshimputu et Nkonko 1, soutenus jusqu’à la fin du mois de Septembre 2023« .
Les violences sexuelles restent une réalité inquiétante dans le Kasaï Central, et renforcer la qualité de la prise en charge médicale et psychologique par les équipes du Ministère de la Santé était donc crucial. Toutefois, la fin de l’appui apporté par MSF lève le voile sur des défis déjà bien visibles en l’avenir. Entre autres, l’épineuse question d’approvisionnement en intrants médicaux dont plusieurs structures médicales et l’hôpital provincial y font déjà face.
Pour Zakari Polush, responsable médical adjoint pays : « Soixante-dix prestataires du ministère de la santé ont été formés à la prise en charge des violences sexuelles et pourraient bien prendre la relève après le retrait du MSF qui a tout assuré pour la continuité de l’appui pendant six mois après le 30 Septembre 2023.
MSF ne cesse d’appeler à davantage d’investissement dans l’appui Socio-économique en faveur des survivantes des violences sexuelles car : Beaucoup se retrouvent dans une grande précarité économique. Elles ont besoin d’abris, de nourriture, d’un accès à la formation, à l’éducation et à un emploi« , a expliqué Faida Kyamba.
Cela nécessite une présence et une mobilisation bien plus forte de tous, particulièrement des organisations d’appui aux victimes afin de soutenir tous les aspects de la prise en charge holistique des survivantes.
Notons que pendant ses six ans d’intervention dans le Kasaï Central, MSF a aussi traité plus de 26.000 patients atteints de la malnutrition. À l’arrêt de son appui ce 30 Septembre 2023,cette organisation médicale-humanitaire promet de rester néanmoins présente au Kasaï Central à travers son bureau de veille et détection afin de surveiller l’évolution dans la zone, et se tient prête à répondre en cas de crises sanitaire ou humanitaire nécessitant l’appui de ses équipes.
Espérant Daniel KAMBULU, à Kananga