Dans un rapport de la société civile que la DW a consulté, les services secrets de la RDC sont accusés d’enlèvements, de détentions abusives et même de torture.
Alors qu’une plainte contre le directeur des services de renseignements militaires, le général major Christian Ndaywel, a récemment été déposée devant la justice belge, dans le cadre de la mort de l’opposant Chérubin Okende, un rapport de la société civile critiquant les services secrets congolais vient de paraître.
Enlèvements, détentions abusives hors de tout cadre légal et parfois cas de torture… Des pratiques qui ne diffèrent en rien avec l’ancien pouvoir de Joseph Kabila. C’était pourtant une promesse du président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi.
En février 2019, devant la diaspora congolaise en Namibie, le fraîchement élu président disait vouloir « humaniser les services de renseignements », à savoir l’Agence nationale de renseignement, dit l’ANR, ainsi que les renseignements militaires, aussi appelés ex-Démiap.
Près de cinq ans plus tard, qu’en est-il ?
Selon Yves Bahati, du Mouvement panafricain en RDC, les choses n’ont pas vraiment évolué.
« Pas plus tard que vendredi 3 novembre, six jeunes ont été arrêtés et sont encore détenus dans les cachots de l’ANR dans la commune de la Gombe« , assure-t-il au micro de nos confrères de la DW.
« Jusque-là, ils ne savent pas pourquoi ils sont détenus. Certains disent que c’est parce qu’ils parlent mal Lingala.«
D’un régime à l’autre, les pratiques sont restées les mêmes, comme le déplore monsieur Bahati en parlant du président actuel.
« Il a reconnu que pendant l’ancien régime, l’ANR était une police politique du régime. Mais malheureusement, rien n’a changé« , regrette-t-il.
En juin dernier, dans son fief de Mbuji Mayi, Félix-Antoine Tshisekedi avait prévenu qu’il s’attaquerait à « tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité du Congo« , tout en précisant, « démocrate je suis, démocrate je resterai« .
Mais, un rapport de l’Association congolaise pour l’accès à la justice, daté de septembre 2023, indique que « malheureusement, les méthodes condamnées et décriées par le passé font curieusement un retour en force« .
Dans ce même rapport, l’Association congolaise pour l’accès à la justice donne 18 noms de personnes détenues illégalement et certaines d’entre elles ont été interpelées par l’ex-Démiap, comme ce fut le cas de l’opposant Franck Diongo, par exemple.
Selon une source engagée dans la défense des droits de l’Homme, « la Démiap est aussi mêlée dans des arrestations arbitraires et des cas font état de ce service comme agence de détention« .