- Plusieurs familles des déplacés de guerre restent sans assistance humanitaire dans le groupement de Fataki.
Ils ont fui les attaques de la milice CODECO et d’autres groupes armés locaux actifs dans cette partie de la province de l’Ituri. Certains sont regroupés dans les camps de Djaibai 1, 2 et Lodha, où ils vivent difficilement. D’autres effectuent de petits travaux champêtres contre une maigre rémunération ; beaucoup survivent grâce à la générosité des autochtones.
Ces déplacés sont aussi exposés à des maladies hydriques et des mains sales. Les casques bleus de la MONUSCO qui ont une base militaire située à quelques mètres des camps de Djaiba 1 et 2, les sécurisent sept jours sur sept, et leur apportent un minimum de sécurité.
Le groupement de Fataki est situé dans le territoire de Djugu, Province de l’Ituri. Cette entité compte cinquante huit localités dont la plupart sont vidées de leurs habitants. À la base, des atrocités des groupes armés dans la zone, notamment la milice CODECO et Chini ya kilima.
Trois sites de déplacés ont été construits aux alentours de la localité de Sanduku-Fataki par l’organisation internationale des migrations (OIM) pour les accueillir. Il s’agit des sites de Djaiba 1, Djaiba 2 et Lodha.
Dans chaque site, il y a en moyenne mille cinq cents ménages installés ici depuis plusieurs années. Ces déplacés dépendent pour la grande partie des autochtones de la localité de Sanduku-Fataki qui ont pour activité principale l’agriculture.
« Nous vivons dans ce site dans des conditions de vulnérabilité très avancées, aucune assistance humanitaire. C’est grâce à la générosité des autochtones que nous arrivons à nouer les deux bouts du mois. Les responsables des familles sortent chaque matin de leurs abris pour faire de petits travaux moyennant une rétribution alimentaire ou un peu d’argent. C’est grâce à cela qu’ils arrivent à nourrir leurs dépendants. Cependant, la bonne volonté des autochtones n’est pas suffisante, car nous sommes nombreux qu’eux dans cette localité », explique Dieudonné Padju Munyongo, président du site des déplacés de Djaiba 1.
Des camps aux conditions sanitaires déplorables
Les camps de déplacés manquent d’installations sanitaires et d’eau potable. Cette situation expose les occupants à des maladies des mains sales et des maladies hydriques.
« Les conditions sanitaires sont précaires ici, les enfants peuvent passer deux ou trois jours sans se laver, pas seulement par manque d’eau, mais également par manque de temps. Les parents préfèrent s’occuper de la survie des enfants que de leur propreté », a démontré Dieudonné Padju.
D’une autre part, l’accès aux soins de santé primaire demeure un problème pour ces déplacés. Dans le site de Lodha par exemple où est installé le centre de santé Nduvire, la seule structure sanitaire disponible, des maladies telles que la diarrhée, le paludisme, mais également la parasitose sont parmi les pathologies les plus fréquentes parmi les déplacés, indique l’infirmière titulaire du centre de santé.
Situation sécuritaire a calme, mais volatile à Fataki
Sur le plan sécuritaire, la situation est relativement calme sur la route nationale numéro 27 qui relie Bunia à Fataki ( 90 km). Des militaires des forces armées de la République Démocratique du Congo sont placés tous les cinq kilomètres pour la protection, témoignent des usagers de cette route. Des casques bleus de la MONUSCO y organisent également régulièrement des patrouilles pour renforcer la sécurité des populations, ajoute la même source.
Une base des casques bleus népalais est installée à Djaiba, à 6 km de Fataki-Sanduku. Deux fois par jour, ils patrouillent aux alentours des sites des déplacés de Lodha, Djaiba1 et 2.
Ces patrouilles sont effectuées la nuit comme le jour. Il faut souligner que les FARDC tout comme les casques bleus de la MONUSCO déployés dans la zone font face à quelques défis dans le cadre de la protection des civils dans cette partie de l’Ituri. C’est entre autres, l’impraticabilité de la route et l’instabilité des réseaux de téléphonie cellulaire. Ce qui retarde parfois les interventions en cas de menace contre les civils ; mais également en cas d’alerte, indique le colonel Govinda BHUJEL, commandant népalais de cette base.
Pour pallier à cette situation, le gouverneur militaire de la province de l’Ituri, le général Johnny Luboya Nkashama, promet d’impliquer les maisons de télécommunications, afin d’améliorer la qualité de leurs services dans la zone.
Julie Londo