La crise dûe à l’agression rwandaise de la République Démocratique du Congo via le M23 est sur le point d’occasionner une confrontation militaire directe entre les deux pays. Cette guerre pourrait également impliquer plusieurs autres pays de la sous-région dont le Burundi.
Kigali ne cache plus son désaccord vis-à-vis de Kinshasa et Bujumbura après des accusations répétées de ces deux pays et plusieurs autres experts internationaux sur son soutien aux combattants du Mouvement du 23 Mars en RDC et du Red Tabara au Burundi.
Lors du 19ème Dialogue national rwandais « Umushyikirano« , Paul Kagame a publiquement menacé la République Démocratique du Congo et le Burundi. Devant des centaines de ses citoyens, le Président rwandais n’a pas caché ses intentions belliqueuses vis-à-vis de ses voisins du «Sud et de l’Ouest».
«Si quelqu’un nous replonge dans une situation qui nous rappelle notre passé tragique, nous n’avons rien à perdre. On va le combattre comme si on avait rien à perdre. Quelqu’un va payer le prix. Leurs insultes ne tuent pas. Ils vont recevoir une leçon dans l’avenir. Ils vont se rendre compte qu’ils ont commis une grosse erreur», a dit Paul Kagame devant ses citoyens.
Le génocide, un prétexte
Dans un long discours diffusé sur les médias rwandais que Surveillance.cd a suivi, Paul Kagame se montre nostalgique du génocide de 1994 alors qu’il était à la tête du Front Populaire Rwandais, également à la base de son ascension à la tête du «pays des milles collines».
Kagame dit également ne pas reconnaître l’appartenance des combattants du M23 comme des citoyens de son pays et accuse Tshisekedi d’avoir tenté de répondre à leurs revendications avec légèreté.
«Comment est-ce devenu un problème rwandais? Il [Tshisekedi] a dit qu’il voulait résoudre ce problème politiquement. Il a invité les dirigeants de ce groupe [M23] à Kinshasa. Il voulait parler avec eux pour résoudre le problème. Les dirigeants de ce groupe ont été à Kinshasa et ont été logés dans un hôtel pendant cinq mois sans que Tshisekedi ne soit venu leur parler jusqu’à ce qu’ils sont rentrés chez eux», a indiqué le président rwandais.
À Kinshasa, aucune réaction officielle ne se fait attendre en dépit des affirmations de Kigali et du M23 sur le séjour des responsables du mouvement rebelle dans la capitale congolaise.
Cependant, le régime de Kinshasa campe sur ses affirmations d’un soutien évident de Kigali aux terroristes.
Dans une interview télévisée sur France 24, le ministre congolais de la communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, avait indiqué que «le mal de la région [des grands lacs] s’appelle Paul Kagame » et de poursuivre que le président congolais envisage une solution définitive à travers «une montée en puissance de nos FARDC», l’armée congolaise.
En attendant, Kinshasa multiplie des alliances militaires avec ses pays amis. Après le retrait des forces de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) en Décembre dernier suite à des accusations d’inefficacité, l’heure est maintenant à celles de la Communauté pour le Développement des États de l’Afrique Australe (SADC).
Depuis Décembre, des contingents des armées Sud-africaine, du Malawi et de la Tanzanie sont déployées par centaines au Nord-Kivu. Parlant de l’objet principal de cette coalition, le Général Major Dyakopu avaient rappelé devant les contingents tanzaniens qu’ils «ne sont pas venus en RDC pour perdre le temps alors que l’ennemi à combattre est bien identifié à savoir le M23».
En plus de la SADC, Kinshasa utilise sur la ligne des fronts les FARDC qui sont appuyées en première ligne par les wazalendos (coalition des groupes armés locaux) et d’instructeurs blancs.
Sous contraintes, la population meurt
La semaine qui vient de s’achever, les affrontements se sont multipliés dans les territoires de Rutshuru et Masisi, en grande partie déjà occupés par Kigali.
Des bombardements des maisons des civils à Mweso et Sake au rejet des accusations entre belligérants, la peine de la population civile s’accentue. Alors que le M23 accuse les FARDC d’être responsables des «bombardements des localités densément peuplées», Kinshasa pour sa part pointe du doigt «le groupe terroriste» affirmant s’être toujours retiré des villages pour «éviter des dégâts parmi les civils».
[À lire aussi]: RDC : insécurité à l’Est, la face humanitaire du M23 renfrognée par ses echecs (Dossier) https://surveillance.cd/2024/01/27/rdc-insecurite-a-lest-la-face-humanitaire-du-m23-renfrognee-par-ses-echecs-dossier/
Pour calmer la situation, des appels se multiplient de quatre coins du monde pour une résolution pacifique du conflit. Une option non envisagée par la République Démocratique du Congo qui «compte mettre définitivement fin à la guerre économique lui imposée par des grandes puissances afin de piller ses richesses».
Benjamin Sivanzire