Le Bureau a proposé aux membres du Parlement des sanctions fortes à l’endroit de Kigali. Entre autres, la suspension du mémorandum UE-Rwanda signé en février 2024 portant sur 5 domaines de collaboration, notamment l’intégration de chaînes de valeur durables pour les matières premières et le soutien à la diversification économique, garantissant le bon fonctionnement et la durabilité de ces chaînes de valeur, puis la coopération en vue de parvenir à une production et une valorisation durables et responsables des matières premières critiques et stratégiques.
Il suggère aussi de suspendre toutes les manifestations sportives internationales prévues cette année au Rwanda dans le souci d’utiliser ces pressions concrètes et obtenir la stabilité.
Pour le Bureau du Parlement européen, l’Union Européenne doit promouvoir la paix et ne doit pas être un observateur passif.
«Ne trahissons pas le peuple congolais», a exhorté la présidente de la séance, disant craindre l’impact de cette guerre sur l’Europe, déjà confrontée aux problèmes migratoires mais tout aussi intéressée par les minerais critiques et qui doit redouter la concurrence américaine et chinoise.
Présent à ces travaux qui se poursuivent encore, le représentant spécial de l’Union européenne dans les Grands lacs, Johan Borgstam, a jugé «inexplicable l’inaction de l’Union Européenne». «La présence des troupes RDF sur le sol congolais est intolérable. La réalité est complexe. Il y a un chevauchement politique et économique.
Le Rwanda profite des régions minières au Nord-Kivu. En RDC, on parle des minerais du sang. Le Rwanda y était actif avant même le M23. Il y a aussi le rôle complexe de l’Ouganda. Le rapport entre le Rwanda et le M23 est peu clair. Il y a une crainte liée à l’instabilité, il y a un manque de coordination entre les processus que l’Union européenne soutient. Il faut tenir compte du rôle de tous les observateurs», a plaidé Johan Borgstam.
Du même avis que la présidente de la séance, le représentant spécial de l’Union Européenne dans les Grands a lui aussi recommandé des pressions robustes sur le Rwanda. «Plusieurs leviers sont là économiques ou politiques qu’on peut envisager. Le travail se fait pour prendre des mesures», a-t-il encore dit, demandant de passer un message fort aux autorités rwandaises.
Intervenant par visioconférence, Bintu Keita, la cheffe Monusco, a rappelé son intervention dimanche au Conseil de sécurité de l’ONU, demandant à son tour des actions concrètes et insistant sur un règlement politique concerté du conflit.
Tout ce que je veux préciser. En m’adressant au Conseil de sécurité, le M23 et l’armée rwandaise ont envahi Goma. Le 28 janvier, le Conseil de sécurité a tenu une deuxième réunion et mon adjoint a breafé le conseil… Au moment où je vous parle, le M23 et l’armée rwandaise étendent leur contrôle sur la zone. Le M23 est à Kalehe, à 65 km de Bukavu. La Monusco n’a pas des capacités pour défendre la ville. La situation humanitaire et sécuritaire dans et autour de Goma est préoccupante», a-t-elle précisé, déplorant le viol contre une centaine de femmes et prévenant contre le risque de prolifération des armes et d’un désastre humanitaire.