Face à l’instabilité persistante à l’Est de la République Démocratique du Congo, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) prennent les devants. Leur projet, « un Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs« . Une démarche qui ne se limite pas aux frontières congolaises, mais qui vise à fédérer les acteurs régionaux et internationaux pour une sortie durable de la crise.
Alors qu’elles poursuivent leurs consultations internes avec la classe socio-politique congolaise, les deux églises ont officiellement saisi le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, en sa qualité de président en exercice de la SADC, ainsi que le président kenyan, William Ruto, qui dirige actuellement l’EAC. Leur objectif, obtenir le soutien et la collaboration des organisations sous-régionales pour renforcer leur initiative.
« Face à ce drame dont les conséquences sont graves, nous vous informons de notre initiative de sortie de crise durable que nous engageons dans une approche holistique de paix et de promotion continue du bien-vivre ensemble en République Démocratique du Congo et dans la sous-région des Grands Lacs », lit-on dans leur document.
Un cri d’alarme lancé alors que la crise humanitaire s’intensifie dans l’Est du pays, entre violences armées, déplacements massifs et souffrances incommensurables des populations civiles. La CENCO et l’ECC, dans un esprit de solidarité africaine fondé sur le concept de « Ubuntu« , exhortent les dirigeants régionaux à s’engager pleinement dans cette dynamique de paix.
« L’initiative portée par la CENCO et l’ECC est un signal fort. En s’appuyant sur la diplomatie régionale, elles cherchent à compléter les efforts des États en intégrant la société civile et les communautés religieuses dans la quête d’une paix durable », ajoutent ces organisations.
Un engagement qui ne se limite pas aux discours. Les deux églises affirment que leur pacte est le fruit d’un long processus de consultations et de réflexions, mené en réponse aux sollicitations de divers acteurs. Elles annoncent déjà des rencontres prochaines avec d’autres chefs d’État de la sous-région et des organisations panafricaines.
« Nous ne pouvons plus rester spectateurs. La population congolaise aspire à la paix. Il est temps que toutes les forces, politiques, religieuses et sociales, unissent leurs efforts pour mettre fin à cette tragédie qui dure depuis trop longtemps », expliquent-elles.
L’initiative de la CENCO et de l’ECC coïncide avec le sommet conjoint de la SADC et de l’EAC prévu les 7 et 8 février à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, sur le conflit dans l’Est de la RDC. L’occasion pour ces deux organisations religieuses d’inscrire leur démarche dans un cadre plus large et d’obtenir un engagement fort des dirigeants de la région. Un pari audacieux, mais nécessaire pour espérer une paix durable dans les Grands Lacs.
Barth NGINDU