Les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) se réunissent ce samedi en Tanzanie pour un sommet conjoint d’une importance capitale. Au cœur des discussions : la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), marquée par l’occupation de la ville de Goma par la rébellion du M23, soutenue par l’armée rwandaise.
Une réunion préparatoire aux enjeux majeurs
Avant ce sommet, les ministres des États membres des deux organisations se sont réunis pour évaluer la situation et formuler des recommandations à soumettre aux chefs d’État.
À l’issue de cette réunion , plusieurs décisions clés destinées à être examinées ont été adoptées lors du sommet.
Décisions pour une mise en œuvre immédiate
Face à l’urgence, plusieurs mesures prioritaires ont été définies :
• Cessation immédiate des hostilités et mise en place d’un cessez-le-feu inconditionnel, supervisé par les chefs de la défense conjoints de la SADC et de l’EAC.
• Réouverture de l’aéroport de Goma et des principales routes d’approvisionnement pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
• Élaboration d’un plan de sécurisation de Goma et ses environs pour éviter toute escalade supplémentaire.
• Rapatriement immédiat des corps des victimes et évacuation des blessés.
• Engagement des parties prenantes à un dialogue inclusif, impliquant aussi bien les acteurs étatiques que non étatiques, pour tenter de résoudre la crise de manière pacifique.
• Reprise et renforcement des processus de Nairobi et de Luanda, afin d’assurer une coordination plus efficace des efforts diplomatiques.
• Neutralisation des FDLR et levée des mesures défensives du Rwanda/désengagement des forces de la RDC, conformément au plan harmonisé de la SADC et de l’EAC.
• Engagement au respect de l’intégrité territoriale de la RDC et des États voisins.
En outre, une réunion conjointe des chefs d’état-major de la Défense de la SADC et de l’EAC devra se tenir dans un délai de cinq jours afin d’apporter des conseils techniques sur la mise en œuvre du cessez-le-feu et d’autres mesures de facilitation.
Recommandations à moyen et long terme
Si les décisions immédiates visent à contenir la crise actuelle, les ministres ont également proposé des actions à moyen et long terme pour s’attaquer aux racines profondes du conflit :
Une mobilisation diplomatique sans précédent
Ce sommet conjoint est le fruit de la décision prise lors du Sommet extraordinaire de la SADC du 31 janvier 2025 à Harare, où il avait été convenu d’une approche collective pour stabiliser la situation en RDC. L’implication des deux blocs régionaux marque un changement de stratégie dans la gestion de cette crise, avec un accent mis sur une coopération renforcée entre la SADC et l’EAC.
Plusieurs chefs d’État ont confirmé leur présence à ce sommet, dont :
• Félix Tshisekedi (RDC)
• Paul Kagame (Rwanda)
• Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud)
• William Ruto (Kenya)
• Yoweri Museveni (Ouganda)
• Suluhu Samia (Tanzanie)
• Hassan Sheikh Mohamud (Somalie)
Un tournant dans la crise RDC-Rwanda ?
L’issue de ce sommet est particulièrement attendue, car elle pourrait marquer un tournant dans la gestion de la crise qui oppose la RDC au Rwanda sur la présence des troupes rwandaises et du M23 sur le sol congolais. La relance des processus de Luanda et de Nairobi sera au centre des discussions, avec l’objectif d’amorcer une désescalade durable.
Avec ces engagements pris par les États membres de la SADC et de l’EAC, la pression diplomatique sur Kigali et Kinshasa s’intensifie. Ce sommet pourrait-il enfin aboutir à une solution concrète et durable ? Les décisions qui seront prises ce samedi seront déterminantes pour l’avenir de la région des Grands Lacs.
Barth NGINDU