À Malabo, les pays membres de la CEEAC ont à l’unanimité eu une compassion envers les victimes de l’agression Rwandaise à l’ Est de la République Démocratique du Congo. Les voix des Chefs d’État et de Gouvernement se sont levées àl’unisson, par l’urgence d’une tragédie qui déchire cette partie de la RDC.
Réunis dans le cadre de la sixième session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), les dirigeants ont unanimement condamné la situation dramatique dans la province du Nord-Kivu. L’heure n’était plus aux déclarations diplomatiques feutrées, mais à une dénonciation sans équivoque des exactions du groupe armé M23 et du soutien que lui apporte le Rwanda.
Au cœur des débats, la voix de Nathalie Aziza Munana, Ministre des Affaires Sociales, des Actions Humanitaires et de la Solidarité Nationale de la RDC, a capté l’attention de tout le monde qui est resté sans mot.
«Nos populations sont livrées à elles-mêmes, sous le feu d’une agression qui n’a que trop duré», a-t-elle déclaré, son ton oscillant entre indignation et désespoir.
La Ministre a dressé un tableau accablant : des villages rasés, des familles disloquées et un bilan humain effroyable lors de l’ attaque de GOMA. Plus de 3 000 morts, dont 900 corps encore entassés dans des morgues saturées, et près de sept millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Le Nord-Kivu, épicentre du drame, croule sous le poids d’une détresse humanitaire sans précédent.
Des camps de déplacés incendiés, des mères en larmes portant leurs enfants amaigris, des ruines fumantes où s’élevaient jadis des écoles et des centres de santé. Face à ces preuves accablantes, les dirigeants de la CEEAC n’ont pu que reconnaître l’urgence d’une action immédiate.
Les résolutions adoptées sont sans appel : retrait sans condition des combattants du M23 et de leurs alliés Rwandais des territoires Congolais occupés, cessation immédiate des hostilités et ouverture d’un Corridor Humanitaire. Un consensus s’est dégagé pour faire pression sur Kigali, accusé de soutenir l’insurrection.
«Nous ne pouvons pas tolérer que des populations civiles soient prises en otage dans un conflit qui bafoue tous les principes du droit international», a martelé un participant sous couvert d’anonymat.
Mais derrière ces déclarations, une question demeure : le Rwanda cédera-t-il à la pression ? Le gouvernement Rwandais, représenté à cette session, a affiché une réserve qui n’a fait qu’alimenter les incertitudes. Aucun engagement concret n’a été pris par Kigali, laissant planer le spectre d’une impasse diplomatique.
Pendant ce temps, sur le terrain, la situation empire. Les humanitaires peinent à accéder aux zones les plus touchées, entravés par l’insécurité et le manque de moyens. La détresse des déplacés s’accroît, tandis que les épidémies commencent à se propager dans les camps surpeuplés.
L’appel lancé par la Ministre Munana résonne désormais bien au-delà des murs de la conférence de Malabo. Il interpelle la communauté Internationale, qui, jusqu’ici, peine à imposer des mesures coercitives face à cette crise. L’histoire jugera si cette session extraordinaire de la CEEAC aura marqué un tournant décisif ou si elle restera une énième réunion ponctuée de promesses sans lendemain.
Seule une mobilisation immédiate pourra alléger le calvaire de ces millions de Congolais pris au piège d’une guerre qui ne dit pas son nom.
Echo du Congo via Surveillance.cd