La République Démocratique du Congo (RDC) vient d’obtenir un soutien diplomatique de taille dans son bras de fer avec le Rwanda. Ce jeudi, le Parlement Européen a adopté une résolution historique exigeant la suspension immédiate du partenariat sur les matières premières entre l’Union Européenne et le Rwanda, en raison du soutien présumé de Kigali au mouvement rebelle M23.
Cette décision, prise à une écrasante majorité de 443 voix contre seulement 4, marque un tournant décisif dans la reconnaissance des accusations portées depuis plusieurs années par Kinshasa. En plus de la suspension du protocole d’accord sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières, le Parlement Européen conditionne désormais toute reprise de coopération à une preuve formelle du désengagement total du Rwanda dans l’exploitation illégale des ressources congolaises et son soutien aux groupes armés.
L’adoption de cette résolution constitue une victoire majeure pour le gouvernement de Félix Tshisekedi, qui avait vivement dénoncé en 2024 la signature des protocoles entre l’UE et le Rwanda, les qualifiant de “légitimation du pillage des ressources congolaises.”
Depuis des mois, des diplomates congolais ont multiplié les efforts pour convaincre leurs partenaires européens des liens entre Kigali et les groupes armés actifs dans l’Est de la RDC, notamment à travers des rapports accablants d’experts de l’ONU. Des eurodéputés influents, comme Thierry Mariani et Carlos Satouri, président de la commission des droits humains, ont joué un rôle clé dans ce revirement en dénonçant un partenariat “indéfendable” avec un régime accusé de soutenir une rébellion responsable de graves exactions.
Une pression multidimensionnelle sur le Rwanda
Outre la suspension du partenariat économique, le Parlement Européen a recommandé plusieurs mesures de rétorsion contre Kigali :
• La suspension immédiate de l’aide budgétaire directe de l’UE au Rwanda, tant que le pays ne respecte pas les conditions relatives à l’accès humanitaire et à la fin de son soutien aux rebelles.
• L’annulation du Championnat du Monde de Cyclisme sur Route, prévu à Kigali en septembre prochain, une sanction symbolique mais qui ternit l’image du régime rwandais sur la scène internationale.
• L’arrêt de toute assistance militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises, afin d’éviter que les fonds et équipements occidentaux ne servent indirectement à appuyer des activités déstabilisatrices en RDC.
Ces mesures viennent durcir les précédentes sanctions européennes et pourraient isoler davantage Kigali, notamment vis-à-vis de ses partenaires occidentaux.
La décision du Parlement Européen envoie un message fort à la communauté internationale et pourrait encourager d’autres puissances, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, à revoir leurs engagements avec le Rwanda. Toutefois, les tensions entre Kinshasa et Kigali restent explosives, avec une recrudescence des combats dans l’Est de la RDC où le M23 continue d’opérer.
Alors que l’Union Africaine reste relativement silencieuse sur ce dossier, cette prise de position de l’Europe pourrait rebattre les cartes du conflit. Reste à savoir si le Rwanda acceptera de plier sous la pression internationale ou s’il choisira l’escalade.
L’avenir des relations entre la RDC et le Rwanda dépendra désormais des actions concrètes de Kigali. Une chose est sûre : la communauté internationale ne peut plus ignorer les revendications congolaises.
Barth NGINDU