La pression internationale s’intensifie contre le Rwanda. Après la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant le soutien rwandais à l’offensive du M23, la France se positionne en faveur d’une suspension rapide du protocole d’accord (“MOU”) entre l’Union Européenne et Kigali sur la coopération en matière de minerais critiques.
C’est une décision qui pourrait marquer un tournant dans la gestion du conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo. Par la voix de Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Paris soutient désormais une rupture des liens économiques entre Bruxelles et Kigali sur l’exploitation des minerais stratégiques. Une mesure qui, si elle est appliquée, viendrait frapper de plein fouet l’économie rwandaise, largement dépendante des ressources minières issues de la région des Grands Lacs.
Ce positionnement s’inscrit dans une dynamique plus large. La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée récemment, condamne fermement l’offensive du M23 et exige le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Avec cette nouvelle déclaration, la France emboîte le pas à l’ONU et adresse un message clair : Kigali doit cesser son soutien aux rebelles du M23 sous peine de sanctions économiques sévères.
Si la suspension du “MOU” venait à être actée, elle pourrait représenter un véritable coup dur pour le Rwanda, qui tire d’énormes profits du commerce des minerais dits “critiques” – notamment le coltan, le cobalt et l’étain, largement exploités en RDC avant d’être réexportés sous pavillon rwandais.
Avec ce revirement de la France, une remise en cause plus large des accords économiques entre l’Europe et Kigali pourrait suivre. Une telle mesure marquerait une rupture avec les relations diplomatiques précédentes, où le Rwanda bénéficiait d’un soutien économique et politique fort de certaines puissances occidentales malgré les accusations répétées d’exploitation illégale des ressources congolaises.
Si cette prise de position française est saluée par certains analystes et responsables congolais, la question demeure : ces menaces se traduiront-elles par des actions concrètes ? Dans le passé, plusieurs condamnations verbales ont été émises sans qu’aucune sanction effective ne soit appliquée contre Kigali.
Dans un contexte où la guerre dans l’Est de la RDC prend une ampleur alarmante, la communauté internationale est aujourd’hui face à un choix déterminant : se limiter à des déclarations diplomatiques ou adopter des mesures économiques et politiques réellement contraignantes pour faire plier Kigali.
Barth NGINDU