Cela va de soi. Un Gouvernement d’Union nationale échappe à la partitocratie, système de pouvoir où les partis politiques dominent la constitution de l’Exécutif par la règle dite de « poids politique« .
Puisqu’il suspend les notions de majorité parlementaire et d’opposition, le Gouvernement d’Union se nourrit plus aisément des expertises avérées. C’est le système dit de méritocratie qui l’emporte grandement, alors qu’auparavant le formateur n’avait pas d’autres choix que d’avaliser des listes dont il n’avait que peu ou prou un réel contrôle, ne sachant d’ailleurs pas toujours coller un visage aux noms lui soumis par les quartiers généraux. Que dire alors des compétences réelles des proposés, souvent membres de famille ou compagnons d’infortune des « Autorités morales« ?
Le Congo est grandement en danger, face aux velléités expansionnistes de Hitler Kagame. Le risque de balkanisation n’a jamais été aussi proche qu’aujourd’hui où l’Est du pays est occupé par le Rwanda, sous couvert des terroristes AFC/M23.
Nous n’avons plus le droit à l’erreur de casting, à des ministres ignorant des us et coutumes de l’Etat. Le Salut public passe alors inéluctablement par un Exécutif alignant des profils aux compétences éprouvées. La méritocratie puise alors dans la technocratie, vivier des fonctionnaires formés à la chose publique.
En 1964, Moïse Tshombe, le tout premier Gouverneur du Katanga, fut appelé par le Président Kasa-Vubu avec assignation de mettre fin à la rébellion muleliste qui, on l’omet souvent, occupait le 3/4 du territoire national. Le nouveau Premier Ministre eût la justesse, lors de la formation du Gouvernement dit de Salut public, de réunir les différentes tendances politiques et de nommer des figures n’ayant aucun actif ministériel, avec un nombre assez réduit et une fusion de plusieurs ministères. En 6 mois, ces « experts », »jeunes turcs », mirent fin aux rêves de Pierre Mulele et de Gaston Soumialot, lesquels étaient soutenus par le Président chinois Mao Zedong, signant ainsi la pacification du pays et mettant fin à des massacres dignes de carnage dans lesquelles plusieurs congolais, dont l’illustre Soeur Anuarite, périrent.
Ce que fit Tshombe en 1964, il est tout à fait possible de le refaire en 2025. La condition sine qua non pour imiter, voire dépasser, ce Père de l’indépendance est de faire triompher l’Evangile d’une technocratie, souvent embastillée par des considérations politiques.
On l’a vu, les Gouvernements successifs ont aligné certains profils douteux, dont la difficulté à maîtriser les dossiers stratégiques n’avait d’égal que l’ inexpérience de la gestion de l’Administration publique.
D’une part, il serait judicieux que 70% des futurs membres du Gouvernement soient puisés au sein de cette Administration publique, colonne vertébrale de l’Etat, et en regard des différentes expertises sectorielles, et d’autre part, que 80 % soient des figures à la virginité politique avérée. Ceux qui ont géré sans resultat devraient avoir l’élegance de rendre le tablier, critère de performance oblige.
Dans un passé récent, des fonctionnaires de carrière étaient dénichés pour servir l’Etat. Le régime administratif du détachement ayant été créé pour permettre aux corps constitués de s’appuyer sur les agents de carrière sous Statut.
Sans ces deux préalables capitaux, le recours aux bureaucrates et la prépondérance des figures au casier politique vierge, l’Histoire étant un éternel recommencement, le Congo ne saura que péniblement relever le défi de l’Est, les intérêts politiques allant généralement a contrario des exigences technocratiques de gestion publique, sans oublier les approches parfois contradictoires.
Puisqu’on ne saurait faire du neuf avec du vieux, place aux technocrates, autrement dit à un Gouvernement des experts.
J’ai dit.
Me Léon Richard C. ENGULU