Les constructions anarchiques sont visibles dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa, capitale de la République democratique du Congo. Il y a des personnes qui construisent même sur les lits des rivières. Lorsqu’il y a des pluies diluviennes, ces familles sont les plus touchées à cause du débordement des eaux de certaines rivières. C’est le cas des inondations dues à la crue de la rivière N’djili, qui ont été observées dans plusieurs quartiers de la partie Est de Kinshasa, et qui étaient à la base du décès de plus de 40 personnes et plusieurs dégâts matériels dans la nuit du 05 au 06 avril 2025.
Ce constat malheureux a été évoqué par le Ministre d’État à l’aménagement du territoire.
«Le territoire qui est mal aménagé, un territoire pour la population en termes d’activités ou en termes d’occupation, s’il n’est pas fait conformément à une planification, la conséquence que nous allons avoir c’est l’anarchie. C’est ce que nous vivons aujourd’hui, chacun se permet de faire ce qu’il veut, que ce soit des projets publics ou privés ne respectent aucunement quoi que ce soit», a déclaré Guy Loando.
Le Ministre d’État en charge de l’aménagement du territoire ne s’est pas limité à constater. Sous sa tutelle, une loi sur l’aménagement du territoire a été élaborée et soumise à l’appréciation du parlement. Elle criminalise les constructions anarchiques qui envahissent les villes congolaises y compris Kinshasa, la capitale du pays. Ce projet de loi est actuellement sous examen au Parlement.
«Et la loi qu’on attend, va bouleverser notre vie parce qu’il y a une notion moderne du droit pénal de l’aménagement du territoire où l’inobservance des règles de planification spatiale. Si jamais cette loi est promulguée, est élevée au même rang, au même titre qu’une incrimination au droit pénal, tu peux faire l’objet d’emprisonnement, tu peux faire l’objet de paiement des amendes et tant d’autres sanctions. Voilà ce qui va arriver si jamais ces outils se mettent en place», a-t-il dit.
Dans la réforme de ce secteur, des institutions ont également été mises en place. Elles servent à mieux canaliser ces différentes réformes pour des résultats palpables.
«Il y a le FONAT, le Fonds National d’aménagement du territoire que nous avons créé depuis que nous sommes à la tête de ce ministère. Nous avons l’ONAT qui est l’observatoire national d’aménagement du territoire, qui est l’équivalent de l’OVG, donc, l’observatoire volcanologique de Goma. Au sein de l’ONAT, vous aurez des OPJ, des officiers de police judiciaire à compétence restreinte, qui auront pour rôle, après avoir prêté serment devant le Procureur de la République, d’aller constater comment se font les occupations. Et donc, si on trouve un ouvrage, un endroit qui était affecté pour un terrain de football, un individu a un permis pour construire un immeuble de 10 étages, on va faire surseoir immédiatement ce projet, parce que ça ne correspond pas à la planification et l’affectation de cet espace», a-t-il précisé.

L’une des zones ciblées en ce moment par le ministère de l’aménagement du territoire se situe le long de la rocade en construction au Sud de la ville de Kinshasa. Pour Guy Loando, l’occupation des abords de la rocade ne devrait pas se faire n’importe comment.
«On veut faire de cette rocade, une zone avec des zonages affectés là où on peut avoir des stations services, là où on peut avoir des hôtels, là où on peut avoir des sites d’hébergement, là où on peut avoir toute cette planification par l’occupation. Nous allons l’expérimenter tout au long de la rocade, du projet issu de la réévaluation du contrat avec la Sicomines», a ajouté Guy Loando.
Les congolais attendent beaucoup de ces réformes et d’autres mesures prises pour limiter les dégâts lors des catastrophes naturelles. Cette loi sur l’aménagement du territoire ne devrait pas rester dans les tiroirs comme tant d’autres, son application pourrait permettre à la République démocratique du Congo d’avoir des belles cités et villes bien aménagées.
Ben AKILI