Ils sont quatre figures de l’opposition congolaise à s’unir derrière une même plume : Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Joseph Kabila. Quatre leaders, quatre ambitions, mais une seule voix dans un communiqué conjugué au passé. Un texte où la compassion pour les victimes de l’Est fait cruellement défaut, et où l’agresseur semble effacer derrière des mots savamment mesurés.
Pas un mot pour condamner clairement les crimes du M23. Pas une larme, même symbolique, pour ces milliers de Congolais fauchés par la guerre. En revanche, une volonté nette : réhabiliter le «dialogue national» à travers l’initiative ECC-CENCO. Une démarche qui, sous couvert d’un pacte social, sent le partage du gâteau plus que la recherche sincère de paix.
Ils affirment que le processus de Doha et celui de Washington sont insuffisants. Mais où étaient-ils lorsque les premiers accords ont été arrachés au forceps entre Kigali et Kinshasa ? Pourquoi ce silence prolongé face à l’agression tutsi-rwandaise sous le label M23/AFC ? Une absence de position ferme qui interroge : stratégie politique ou complicité tacite ?
Pendant que la communauté internationale s’active pour arracher un cessez-le-feu, cette opposition semble davantage préoccupée par un retour en scène. Derrière les belles formules – « cohésion nationale », « indépendance de la justice », « bien-vivre ensemble » – se cache une réalité plus sombre : la course au pouvoir.
Ce front politique soudainement solidaire nous rappelle à quel point les lignes idéologiques deviennent floues quand il s’agit de conquérir le pouvoir. Hier, dans la rue avec des mégaphones contre la fraude. Aujourd’hui, dans les salons feutrés à réclamer un dialogue avec les auteurs mêmes de l’agression. Une position en clair-obscur qui risque de les couper d’un peuple qui, lui, saigne encore à Beni, à Rutshuru, à Goma.
Kabila, Fayulu, Katumbi et Sesanga veulent une solution congolaise à une crise congolaise. Mais la véritable question reste : veulent-ils la paix pour le peuple, ou le pouvoir pour eux-mêmes ? La réponse reste pendante.
La Rédaction