Le Sénat de la République Démocratique du Congo a franchi un pas décisif vers la réforme de sa gestion interne. Sous l’impulsion de son bureau, une opération de contrôle administratif et physique du personnel a été lancée afin d’identifier les dysfonctionnements au sein de cette institution clé de la République.
Cette mesure a été officialisée le mercredi 7 mai 2025 lors d’une réunion dirigée par le Questeur du Sénat, Sylvain Mukengeshayi KabongoTaupin, en collaboration avec la commission spéciale chargée de faire l’état des lieux du personnel administratif. L’objectif est de permettre aux responsables du Sénat d’avoir une vision claire des ressources humaines disponibles, des postes occupés et des conditions de travail des agents.
« Nous devons savoir qui fait quoi, comment et pourquoi », a déclaré le Questeur, soulignant l’importance de cette initiative pour traquer les agents fictifs et assainir la masse salariale.

Selon les premiers chiffres, près de 700 agents sont actuellement recensés au Sénat, un chiffre jugé excessif compte tenu des besoins réels. Le travail de la commission se concentrera sur deux volets : un diagnostic logistique (infrastructure, équipements, lieux de travail) et une évaluation des ressources humaines (effectifs réels, qualifications, répartition des tâches).
Didier Molisho Sadi, directeur de cabinet du président du Sénat, a insisté sur le caractère méthodique de l’opération, précisant que cette initiative vise à «redonner de la rigueur et de la transparence à la gestion interne de l’institution».
Dans le cadre de cette démarche, tout mouvement de personnel est suspendu jusqu’à nouvel ordre, y compris les avancements en grade, afin d’éviter toute interférence avec l’évaluation en cours.
Ce contrôle intervient dans un contexte de critiques persistantes concernant la gestion budgétaire du Parlement. Le Centre de Recherches en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) avait déjà alerté, dans une étude publiée en 2024, sur des anomalies dans le projet de loi de finances 2025, notamment la volonté du Sénat d’embaucher 681 agents supplémentaires, en contradiction avec ses textes réglementaires.

Le même rapport avait mis en lumière l’opacité du fonds spécial d’intervention du Sénat, dont le montant avait été revu à la hausse de 8 millions de dollars sans justification détaillée.
Pour le CREFDL, seul un contrôle rigoureux des effectifs au sein des deux chambres du Parlement pourra freiner les dérives actuelles. En s’engageant dans cette voie, le Sénat semble enfin répondre à ces appels à la réforme.
Il reste désormais à espérer que cette volonté affichée se traduira par des mesures concrètes et durables, renforçant ainsi la crédibilité et l’efficacité de l’institution parlementaire.
La Rédaction