Réunis à Abidjan ce mardi 13 mai dans le cadre de l’Africa CEO Forum, les présidents Paul Kagame du Rwanda et Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud ont affiché une volonté commune de promouvoir des solutions africaines aux conflits qui secouent le continent. En toile de fond : la situation explosive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), théâtre d’affrontements meurtriers.
Lors d’un panel consacré à l’intégration africaine, Paul Kagame a souligné que les Africains doivent « prendre en main leur propre destin » en matière de paix et de sécurité. « On ne peut pas dire que nous avons réussi. Tout le monde essaie. Encore une fois, cela revient à nous, vraiment », a déclaré le chef de l’État rwandais, tout en saluant le soutien de partenaires comme le Qatar ou les États-Unis.
Kagame a estimé que l’Union africaine avait réalisé des avancées notables dans les mécanismes de paix, mais qu’il était temps pour le continent de « définir la direction qu’il veut prendre ». Il a aussi mis en garde contre la dépendance aux financements extérieurs, qu’il considère comme un frein à l’autonomie africaine dans les processus de stabilisation.
Cyril Ramaphosa a renchéri, plaidant pour « une appropriation africaine des processus de paix ». Selon lui, « quelle que soit la contribution d’acteurs non africains, en fin de compte, tout doit être endossé, signé et approprié par nous, Africains ». Le président sud-africain a insisté sur l’importance de la légitimité locale dans les initiatives de résolution de crise.
Mais derrière cette unité de façade, les tensions entre Kigali et Pretoria ne sont pas totalement dissipées. Les deux capitales s’opposent sur la mission militaire de la SADC en RDC, notamment depuis la mort de soldats sud-africains dans l’est du pays. Ramaphosa a accusé le M23 et l’armée rwandaise, ce que Kagame a vigoureusement nié.
Malgré cette friction, la scène d’Abidjan a permis un début de réchauffement diplomatique. « Certains d’entre vous ont peut-être cru qu’il y aurait des étincelles alors que nous sommes assis l’un à côté de l’autre », a lancé Ramaphosa avec humour, cherchant à détendre l’atmosphère face à son voisin rwandais.
Reste à savoir si cette volonté de coopération se traduira en actes. Car sur le terrain, la population congolaise continue de subir les violences dans une région où les dynamiques régionales et les intérêts géopolitiques complexifient toute sortie de crise. Comme l’a rappelé Kagame : « Même si nous sommes capables de faire les choses nous-mêmes, nous devons encore faire appel à des partenaires. »
CKK