Dans un rapport intitulé « Réalisation des Infrastructures Sicomines : un marché de dupes ou une opportunité manquée », publié le mardi 13 mai 2025 à Kinshasa, la plateforme des organisations de la société civile Le Congo N’est Pas À Vendre (CNPAV), à travers son ONG membre AFREWATCH, dénonce la mauvaise exécution du volet infrastructures routières de la Convention Sino-Congolaise.
Les investigations ont porté sur un total de trente chantiers d’infrastructures observés sur une période de quatre mois. Le constat est accablant : quatre projets ont été surfacturés, et un projet a été surfinancé. À titre d’exemple, la route Nzolana a été reconstruite en 2016 sur 1,4 km pour un montant de 15 millions de dollars, alors que, selon la mercuriale des prix du ministère des ITPR, le coût de construction profonde est fixé à 1,2 million de dollars par kilomètre.
Le rapport fustige également le faible taux d’exécution du volet infrastructures de la Convention : seulement 1 132 km de routes ont été réhabilités sur les 6 538 km prévus entre 2008 et 2023, soit un taux d’exécution de 17,3 % en 17 ans, sans qu’aucune justification n’ait été apportée.
Autres griefs relevés : l’absence d’études préalables, des projets exécutés sans autorisation parlementaire, ou encore des travaux non inscrits dans la loi des finances 2024-2025, comme les routes Nguba à Mbuji-Mayi et Kalamba-Mbuji à Kananga.

Le même rapport pointe aussi le non-respect du circuit de la dépense publique, la persistance du risque de faible exécution, les pratiques de rétrocommission, l’attribution préférentielle des marchés à des entreprises chinoises, au détriment d’autres nationalités, ainsi que l’absence d’une évaluation sérieuse de la dette publique contractée dans le cadre de cet accord de troc signé en 2008. La majorité des infrastructures prévues dans ce cadre n’a jamais été livrée à la RDC.
La Sicomines, censée rembourser un crédit de 3 milliards de dollars pour financer lesdites infrastructures, n’a pas rempli cette mission, faute de mobilisation effective de cet emprunt. Depuis l’avenant 5, la société est désormais chargée de financer les infrastructures à partir de ses bénéfices pendant une période de 17 ans.
Pour assainir ce cadre de collaboration, le CNPAV et AFREWATCH appellent le Parlement à organiser une mission d’évaluation et de contrôle sur l’exécution du volet infrastructures ainsi que sur les exonérations fiscales liées à la Convention Sino-Congolaise. Ils recommandent également au gouvernement de renégocier la Convention pour un partenariat plus équitable et équilibré pour la RDC. Ils exigent aussi du ministre des ITPR l’annulation de l’arrêté ministériel du 28 juin 2023 relatif à la gestion des frais de maîtrise d’œuvre dans les projets d’infrastructures.
Enfin, les deux ONG recommandent à la Cour des comptes de procéder à un audit complet de la première phase des projets exécutés entre 2008 et 2023. Quant à l’Inspection Générale des Finances (IGF), elles l’invitent à renoncer à toute rémunération provenant des entités publiques dans l’exercice de ses missions.
Gustave Tshibumbu