Les Églises catholique et protestante attendent désormais un signal fort du président Félix-Antoine Tshisekedi pour franchir une nouvelle étape vers l’organisation d’un forum national sur la paix et le bien-vivre ensemble en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs. Le rapport issu des consultations menées dans ce cadre est prêt et n’attend plus qu’à être remis au chef de l’État.
Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a annoncé ce vendredi 16 mai que les deux grandes confessions religieuses ayant porté cette initiative – la CENCO et l’Église du Christ au Congo (ECC) – réservent au président de la République la primeur de ce document. «Nous ne pouvons pas avancer sans l’accord du chef de l’État », a-t-il déclaré lors d’un point de presse.
D’après Mgr Nshole, l’initiative avait au départ reçu l’assentiment de Félix Tshisekedi. « Il avait salué l’initiative », a-t-il rappelé, tout en précisant que certains proches du président ont ensuite émis des réserves. Malgré ces nuances, les Églises ont mené à terme les consultations qu’elles jugent salutaires pour le pays.
Le rapport, qui compile les avis des forces politiques et sociales tant nationales qu’internationales, est un document stratégique pour la suite du processus. Pour les initiateurs, il ne saurait y avoir de réelle avancée sans la bénédiction du président Tshisekedi. «Aux dernières nouvelles, il a promis qu’il allait nous recevoir un de ces quatre matins», a confié le secrétaire général de la CENCO.
Dans l’attente de cette audience présidentielle, les préparatifs en vue du forum national se poursuivent. Dès la semaine prochaine, une campagne de recrutement de scientifiques sera lancée. « Il s’agit d’identifier les personnes intéressées pour leur proposer des méthodologies de travail efficaces », a précisé Mgr Nshole.
L’Église appelle également à une implication de toutes les tendances politiques, y compris celles proches du pouvoir. « Il n’y aura pas de forum de consensus national sans les partis au pouvoir », a averti Nshole. Selon lui, ceux qui tenteront de bloquer le processus devront en assumer la responsabilité devant l’histoire.
Dans un contexte de crise persistante à dans la partie Est du pays, notamment avec la prise de Goma par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, les appels au dialogue se sont multipliés. Les Églises se sont positionnées comme médiatrices d’un dialogue inclusif, ce que l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, rejette, estimant que «l’Église n’a pas vocation à prendre des initiatives politiques».
Sur le plan international, des pays comme la France et la Belgique soutiennent l’initiative ecclésiale et encouragent un dialogue congolais pour une paix durable. Toutefois, le gouvernement congolais semble encore réservé vis-à-vis de ces dynamiques nationales et internationales de médiation.
En parallèle, les Églises comptent mobiliser les croyants à travers tout le pays. « Les évêques vont sensibiliser tout le peuple de Dieu au moyen d’une neuvaine », a conclu Mgr Nshole, espérant que cela contribuera à mieux faire connaître l’initiative et à créer un consensus autour de la paix.
CKK