Alors que les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda continuent d’alimenter l’instabilité dans la région des Grands Lacs, une réunion stratégique s’est tenue ce samedi à Lomé, sous l’égide du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé. Objectif : faire converger les efforts de paix sur le continent autour d’un dialogue structuré.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du mandat confié par l’Union africaine à Faure Gnassingbé, en tant que médiateur principal dans la crise sécuritaire à l’Est de la RDC. En conviant à Lomé le panel des facilitateurs africains, il cherche à donner un nouvel élan à une médiation souvent éclatée.
Autour de la table, plusieurs figures politiques majeures ont répondu à l’appel, notamment Olusegun Obasanjo, Uhuru Kenyatta, Mokgweetsi Masisi, Catherine Samba-Panza et Sahle-Work Zewde. Cette convergence d’ex-présidents et de chefs d’État en exercice souligne la gravité de la situation et la volonté de l’Afrique de parler d’une seule voix.
L’ambition de cette rencontre était claire : harmoniser les différentes initiatives de paix, notamment les processus de Nairobi et de Luanda, jusqu’ici menés de manière parallèle. Les participants ont ainsi plaidé pour “une articulation cohérente entre leurs efforts respectifs, dans un cadre intégré”.
Au-delà des dynamiques internes africaines, la réunion de Lomé marque aussi une volonté d’ouvrir les pourparlers à des partenaires internationaux. “Ils ont également souligné l’importance d’une collaboration étroite avec les organisations régionales telles que la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la SADC, ainsi qu’avec les partenaires internationaux comme le Qatar et les États-Unis”, peut-on lire dans le compte-rendu.
Le soutien américain n’a pas tardé. Massad Boulos, haut responsable du Département d’État, a réagi favorablement aux discussions de Lomé. “Je viens de m’entretenir avec le président togolais Faure au sujet des progrès significatifs réalisés suite à la signature de la Déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda”, a-t-il déclaré.
Dans le climat actuel de méfiance et d’escalade militaire à l’Est de la RDC, de tels signaux diplomatiques constituent des avancées à ne pas négliger. La reconnaissance de “signes récents de bonne volonté exprimés par les différentes parties” est perçue comme un frémissement encourageant.
L’un des enjeux majeurs reste la capacité de ces différents médiateurs à fédérer les multiples canaux de négociation. Jusqu’ici, les doublons et la rivalité des approches ont miné les résultats. Le défi est donc de faire de Lomé le point de départ d’une diplomatie africaine unifiée.
Pour le président Faure Gnassingbé, cette dynamique régionale pourrait également servir de modèle pour d’autres conflits sur le continent, en démontrant que l’Afrique est capable de prendre en charge ses propres défis sécuritaires avec maturité et coordination.
À mesure que les armes continuent de tonner dans l’Est congolais, l’heure est à l’action concertée. Lomé pourrait ainsi marquer un tournant décisif dans la résolution d’un conflit qui, depuis trop longtemps, endeuille les populations civiles.
CKK