La polémique enfle autour de la procédure judiciaire visant l’ancien président Joseph Kabila. Dans une déclaration publique, Jean Claude Katende, président de l’ASADHO, une organisation des droits de l’homme en République démocratique du Congo (RDC), s’est insurgé contre ce qu’il qualifie de « dérive juridique » dans le traitement du dossier. Il pointe du doigt une « application sélective des lois » qui, selon lui, fragilise la crédibilité de la justice congolaise.
« L’application sélective des lois ne fait que discréditer la justice de mon pays », a lancé Jean Claude Katende, dénonçant l’attitude de l’Auditeur général des Forces armées de la RDC, qui a sollicité la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila auprès du Sénat. Pour Katende, cette démarche souffre d’un vice fondamental : elle contourne les dispositions légales qui régissent les poursuites à l’encontre d’un ancien président élu.
L’Auditeur général s’est notamment appuyé sur les articles 5 et 9 de la loi portant statut des anciens présidents, pour motiver sa requête. Cependant, Jean Claude Katende souligne un manquement grave : « Il ignore intentionnellement l’article 8 de la même loi qui lui demande de s’adresser au Congrès pour obtenir l’autorisation des poursuites contre le Président Kabila. »
Cette omission, selon Katende, n’est pas anodine. Elle s’inscrirait dans une logique de précipitation et de contournement des procédures légales établies. « On recourt au Sénat, un raccourci, en lieu et place du Congrès pour obtenir rapidement l’autorisation de poursuivre le Président Kabila », s’est-il indigné.
Pour le défenseur des droits humains, cette manière d’agir interroge le sérieux et l’indépendance de l’appareil judiciaire. « Cette attitude de l’Auditeur général tendant à sélectionner les articles qui lui plaisent et rejetant ceux qui ne lui plaisent pas doit nous amener à nous poser des questions sur le sérieux, l’indépendance et la sincérité de cette démarche », a-t-il ajouté.
Jean Claude Katende voit dans cette stratégie une tentative manifeste de manipulation politique de la justice. Il affirme que cette instrumentalisation du droit risque de miner davantage la confiance déjà fragile entre les citoyens et les institutions judiciaires du pays.
Cette sortie intervient dans un contexte de tension politique grandissante, alors que plusieurs voix s’élèvent pour réclamer des comptes à l’ancien président. Mais pour Katende, toute initiative judiciaire, aussi légitime soit-elle, doit respecter scrupuleusement l’État de droit.
B.A