Ce mardi 20 mai 2025 s’annonce comme une date charnière dans l’histoire politique et judiciaire de la République démocratique du Congo. Plusieurs figures de premier plan de l’ancien régime sont convoquées devant des institutions-clés de l’État. Au cœur des préoccupations : la reddition des comptes face aux graves accusations qui pèsent sur eux.
L’ancien président de la République, Joseph Kabila, est attendu au Sénat, où il devra répondre devant une commission spéciale des soupçons de collusion avec la rébellion de l’AFC/M23/RDF. Ce groupe armé, fortement suspecté d’être soutenu par le Rwanda, contrôle actuellement les villes stratégiques de Goma et Bukavu. Pour la première fois, Kabila pourrait être directement confronté aux implications sécuritaires de son héritage politique.
En parallèle, à la Cour constitutionnelle, un autre dossier brûlant connaît une avancée décisive : celui du méga-projet agricole de Bukanga-Lonzo, emblématique des scandales de détournement de fonds publics. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, principal architecte du projet, est sur le banc des accusés, aux côtés de Déogracias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et de l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobler Stephanus.
Le procureur général près la Cour constitutionnelle a requis, lors de l’audience du 23 avril dernier, dix ans de travaux forcés contre Matata Ponyo, assortis de dix années d’inéligibilité. Cette peine marquerait un tournant pour cet ancien chef de gouvernement qui ambitionnait encore récemment de jouer un rôle dans la vie politique nationale.
Quant à Déogracias Mutombo, les réquisitions sont tout aussi lourdes de conséquences : cinq ans d’inéligibilité sont envisagés contre lui. L’ancien patron de la politique monétaire congolaise est accusé d’avoir facilité, par sa gestion, le détournement de plusieurs centaines de millions de dollars liés au projet Bukanga-Lonzo.
Christo Grobler Stephanus, quant à lui, pourrait être définitivement expulsé du territoire congolais. Il est soupçonné d’avoir été le principal bénéficiaire des fonds alloués au projet, sans jamais en garantir les résultats attendus sur le terrain agricole.
Entre les auditions au Sénat et les délibérations de la Cour constitutionnelle, la journée du 20 mai pourrait marquer une étape majeure dans l’exercice de la justice en RDC. Elle révèle aussi une volonté manifeste des institutions congolaises de tourner la page d’une époque marquée par l’impunité et de faire de la redevabilité un pilier de la gouvernance.
CKK