La récente condamnation de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 10 ans de travaux forcés dans le procès Bukanga Lonzo continue de défrayerla chronique. Ce mercredi 21 mai 2025, Jean-Claude Katende, avocat et président de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), a réagi avec vigueur dans une vidéo diffusée sur son compte X (anciennement Twitter), appelant à une justice équitable et impartiale dans les dossiers de détournement de fonds publics.
« Chers compatriotes, je m’en voudrais si je ne place pas aimant sur les condamnations qui ont été entendues hier dans les dossiers Bukanga Lonzo », a-t-il déclaré, estimant que ce verdict aurait dû marquer un tournant dans la lutte contre la corruption. Pour Katende, cette décision judiciaire aurait eu plus d’impact si elle s’était inscrite dans une dynamique plus large de poursuites contre tous les mandataires publics impliqués dans des échecs similaires.
Selon lui, la sélectivité dans les poursuites jette un voile de doute sur la sincérité de la justice congolaise. « Ce genre de condamnation aurait pu se généraliser et devrait se généraliser contre tous les mandataires publics trempés dans les dossiers ou dans les projets qui ont échoué », a-t-il insisté. En l’absence de telles mesures, la perception de l’opinion publique reste sceptique.
Katende regrette que malgré les nombreux scandales ayant émaillé d’autres projets publics, certains responsables aient été acquittés « de manière scandaleuse », nourrissant un sentiment d’injustice parmi la population. « Dans l’opinion, même s’ils ont été acquittés, l’opinion les considère comme des personnes qui ont bénéficié tout simplement de la geste de la justice pour être dehors », a-t-il déploré.
Il cite notamment d’autres projets gouvernementaux ayant échoué sans qu’aucune responsabilité ne soit établie. « L’échec a été patent, mais les mandataires qui y ont travaillé ont été tout simplement mis hors cause par la justice », a-t-il dénoncé, évoquant une justice à deux vitesses.
Pour le président de l’ASADHO, les condamnations isolées, comme celle de Matata Ponyo, ne suffisent pas à démontrer une véritable volonté de combattre la corruption. « Aujourd’hui, on ne peut pas considérer les condamnations dans les procès Bukanga Lonzo comme étant vraiment une volonté déterminée de lutter contre la corruption et le détournement« , estime-t-il.
Il appelle à une justice plus courageuse, capable de s’attaquer à tous les auteurs de malversations, quel que soit leur camp politique ou leur rang. « Parce que d’un côté, vous avez ceux qui sont condamnés, et de l’autre côté, vous avez des intouchables« , martèle-t-il. Pour lui, seule une justice équitable pourra regagner la confiance des citoyens.
« Il faut que notre justice fasse un effort de pouvoir toucher à tout le monde et à tous les camps », conclut Jean Claude Katende. Il invite la population à participer activement à ce combat, soulignant que « la lutte contre la corruption et le détournement par la voie judiciaire doit devenir un véritable combat auquel tous les citoyens devraient participer. »
B.A