Un tournant historique s’est opéré ce jeudi 22 mai en République démocratique du Congo. Le Sénat, réuni en séance plénière, a voté à bulletin secret la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, ancien président de la République et sénateur à vie. Cette décision ouvre la voie à d’éventuelles poursuites pénales, notamment pour trahison et participation à un mouvement insurrectionnel.
C’est à la suite d’un réquisitoire présenté par l’auditeur général des Forces armées de la RDC que les sénateurs ont été appelés à se prononcer. Le document met en lumière de graves allégations : l’ex-chef de l’État est soupçonné d’avoir entretenu des liens directs avec la rébellion du M23, allant jusqu’à participer à la coordination de certaines de ses opérations.
Le dossier judiciaire repose en grande partie sur un témoignage clé, celui d’Éric Nkuba. Ce dernier affirme avoir été témoin d’un échange téléphonique entre Joseph Kabila et Corneille Nangaa, ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), aujourd’hui rallié à la coalition rebelle AFC/M23. La scène se serait déroulée à Kampala. Ce témoignage a été jugé « crédible et constant » par les autorités judiciaires.
D’autres éléments viennent renforcer les soupçons. Serge Tshibengu, secrétaire exécutif du PPRD, a notamment évoqué publiquement la présence de Kabila à Goma durant une phase décisive de la crise sécuritaire à l’est du pays. Ces déclarations, diffusées sur la chaîne TV5, ont été versées au dossier à charge.
Le cadre légal invoqué par l’auditorat militaire repose sur les articles 136 et 137 du Code pénal militaire, relatifs à la participation à un mouvement insurrectionnel, ainsi que sur l’article 182 du Code pénal pour trahison. Les textes relatifs aux crimes de guerre sont également mobilisés. En conséquence, la Haute Cour militaire se déclare compétente pour juger les faits reprochés à l’ancien président.
Malgré une convocation officielle à la séance sénatoriale du 20 mai, Joseph Kabila ne s’est pas présenté.
CKK