Alors que Kinshasa connaît une recrudescence des pluies ces dernières semaines, les habitants du quartier Vallée, dans la commune de Masina, tirent la sonnette d’alarme. Situé à droite du pont sur la rivière Ndjili, ce quartier semble échapper systématiquement à l’attention des autorités lors des interventions post-inondations, contrairement à des zones plus médiatisées comme Ndanu ou Salongo.
Depuis 2010, les habitants observent une dégradation progressive et inquiétante du lit de la rivière Ndjili. « À notre arrivée, la profondeur atteignait entre 12 et 20 mètres. Aujourd’hui, elle ne dépasse plus 1,20 mètre à certains endroits. C’est le résultat d’une couche de sable massif suite à l’absence totale de curage », déplore un résident.
Cette situation s’aggrave depuis le départ des exploitants agricoles chinois, qui autrefois cultivaient du riz dans la zone. « Ils avaient mis leur agriculture ici, ils plantaient le riz, etc. Ils avaient installé des vannes et des motopompes pour contrôler le niveau de l’eau. Aujourd’hui, tout est en panne », explique-t-il. Résultat : « Dès que la rivière monte, l’eau s’infiltre directement chez nous. »
Les constructions anarchiques le long du cours d’eau ont également empiré la situation. Les habitants dénoncent un désintérêt flagrant des autorités municipales.
« Nous avons été voir l’autorité municipale. À notre grande surprise, il ne connaissait même pas l’existence de notre quartier. Comment peut-on protéger ce qu’on ignore ? » s’interroge un riverain, amer.
La frustration est d’autant plus grande que des financements ont bien été alloués, mais peu d’effets concrets ont été observés sur le terrain.
«En 2019, l’Agence Française de Développement avait débloqué 15 millions d’euros. Ces fonds ont été reçus, mais nous n’avons vu que quelques canalisations. Le reste, volatilisé», accuse un habitant.
Face à l’inaction des autorités, la population locale réclame des mesures urgentes : « Nous demandons le curage immédiat de la rivière, la construction de digues solides et la réinstallation d’une vanne fonctionnelle. » Pour eux, ces travaux sont à la fois réalistes et vitaux. « Ce n’est pas un projet colossal. Il suffit de volonté. Il en va de notre survie », conclut un habitant.
M.B