Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, se retrouve dans la tourmente. Accusé de détournement de fonds publics à hauteur de 19 millions de dollars, il fait désormais l’objet d’une mise en accusation officielle par le procureur général près la Cour de cassation, après une saisine de l’Assemblée nationale. Une procédure qui place le ministre face à une exigence juridique claire : présenter sa démission dans les 24 heures suivant la notification de la mise en accusation.
En effet, selon l’article 80 de la loi fixant la procédure applicable devant la Cour de cassation, tout membre du gouvernement à l’exception du Premier ministre mis en accusation est tenu de remettre sa démission dans un délai strict d’un jour. À défaut, il est automatiquement considéré comme démissionnaire, sans autre forme de procédure. Ce jeudi 22 mai représente donc une échéance cruciale pour Constant Mutamba.
Ce développement marque un tournant brutal pour celui qui, il y a encore peu, était perçu comme l’un des ministres les plus actifs du gouvernement Suminwa. Connu pour ses prises de position tranchées et ses décisions audacieuses, Mutamba s’était forgé une image de réformateur, parfois clivant, mais apprécié d’une partie de l’opinion publique pour sa fermeté.
La chute n’en est que plus spectaculaire. Le ministre, dont les actions ont souvent été qualifiées de populistes, se voit contraint de quitter la scène politique sous la pression d’une procédure judiciaire. Une sortie précipitée, sans cérémonie ni appel, qui contraste avec la visibilité dont il jouissait au sein du gouvernement.
À l’heure actuelle, aucune déclaration officielle de la part de Mutamba n’a été enregistrée. Son silence alimente les spéculations sur sa stratégie : va-t-il tenter de se défendre tout en refusant de démissionner, ou acceptera-t-il les règles de droit en quittant volontairement ses fonctions ? La Première ministre Judith Suminwa, pour sa part, devra constater sa démission implicite si celle-ci n’est pas formalisée avant la fin de la journée.
Pour nombre d’observateurs, ce dossier pourrait redéfinir les rapports entre l’exécutif et la justice en République démocratique du Congo. Il illustre une volonté affichée des institutions judiciaires de ne plus tolérer l’impunité, même au sommet de l’État. Mais il soulève également des interrogations sur l’équilibre entre la présomption d’innocence et les exigences de redevabilité des ministres.
Quelle que soit l’issue, la page Mutamba semble se tourner dans la douleur. D’un acteur central du gouvernement à un accusé sommé de quitter la scène politique en urgence, le destin du ministre de la Justice rappelle que le pouvoir s’accompagne de responsabilités et que, parfois, l’effondrement peut être aussi rapide que l’ascension.
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