Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, fait face à une flambée préoccupante des prix des denrées de première nécessité depuis le mois de mars. Dans les marchés populaires de la ville, les étals affichent désormais des tarifs inaccessibles pour une grande partie de la population, alimentant un sentiment de détresse sociale croissante.
Le marché Mzee Kabila, l’un des principaux lieux d’approvisionnement de la ville, illustre parfaitement cette situation. Le riz, aliment de base pour de nombreuses familles, a vu son prix bondir en quelques semaines. « Un sac de riz tanzanien que je vendais à 90 dollars est aujourd’hui à 110 dollars », confie Tshilanda, une vendeuse, à Surveillance.cd. Elle ajoute : « La marque Mariana est passée de 60 000 à 85 000 francs congolais. Ce sont des prix que les clients ont de plus en plus de mal à accepter. »
Cette hausse des prix ne touche pas que le riz. La farine de maïs, autre produit de première nécessité, suit la même tendance. Dans certains points de vente, elle se vend aujourd’hui entre 50 000 et 60 000 francs congolais, en fonction de la qualité. Un montant jugé excessif par de nombreux habitants.
« On est obligé de réduire les quantités qu’on achète. C’est devenu un luxe de manger normalement », témoigne un père de famille à Surveillance.cd.
Derrière cette flambée, plusieurs facteurs se conjuguent. L’un des plus souvent évoqués est l’instabilité persistante du taux de change entre le franc congolais et le dollar américain. Nombreux de commerçants importent leurs marchandises de la Zambie voisine, où les transactions se font principalement en devises étrangères. « Quand le dollar grimpe, nous n’avons pas le choix : nos prix doivent suivre », explique un grossiste.
Autre obstacle majeur : les perturbations récurrentes sur la route Kasumbalesa-Lubumbashi, axe vital pour l’approvisionnement. « Il arrive que des camions restent bloqués deux jours ou plus avant d’atteindre la ville », rapporte un autre opérateur commercial à Surveillance.cd. Ces retards engendrent des frais supplémentaires de transport, qui finissent inévitablement par peser sur le consommateur final.
Pour tenter de contenir la crise, les autorités provinciales ont annoncé la commercialisation prochaine de farine de maïs produite localement à prix réduit, plafonné à 45 000 francs congolais. Mais jusqu’ici, cette promesse peine à se concrétiser sur le terrain. « On parle d’un stock subventionné, mais dans les faits, on ne voit rien sur les marchés », déplore une vendeuse interrogée.
Christian Kasongo