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Crise politique en RDC : quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent

Depuis la rupture fracassante de la coalition FCC-CACH en 2020, la République démocratique du Congo (RDC) traverse une instabilité politique sans précédent. L’alliance autrefois stratégique entre l’actuel président Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila s’est transformée en un champ de bataille où les intérêts personnels des élites politiques semblent primer sur le bien du peuple congolais.

Une rupture lourde de conséquences

La fin de cette coalition, qui avait permis à Félix Tshisekedi d’accéder au pouvoir en 2019 à la faveur d’un arrangement politique controversé, a marqué le début d’une ère de méfiance, de tensions et d’accusations réciproques. Si certains partisans de l’actuel président y ont vu une opportunité de gouverner sans contrainte, d’autres estiment que cette rupture est à l’origine de l’aggravation de la crise sécuritaire, notamment dans l’Est du pays.

Un ancien acteur électoral devenu figure rebelle ?

Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et personnage clé des élections de 2018, est aujourd’hui présenté comme un des leaders de la coalition armée M23-AFC. Selon le camp Kabila, Tshisekedi n’aurait pas respecté les accords politiques signés avec leur autorité morale avant l’élection présidentielle, ce qui aurait attisé les tensions actuelles.

Le peuple oublié dans les querelles politiques

Dans cette guerre d’égos entre anciens alliés, le peuple congolais est le grand oublié. La majorité des Congolais ignorent les clauses des accords secrets entre Kabila et Tshisekedi. Pendant que les élites se battent pour le pouvoir, ce sont les civils qui paient le prix fort, notamment dans l’Est du pays où les violences se multiplient.

Le président Tshisekedi a récemment accusé son prédécesseur d’être le parrain du M23-AFC, une milice active à l’Est. En réaction, le Sénat congolais a levé l’immunité de Joseph Kabila, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires pour « haute trahison« . Des propos de Kabila laissent même entendre qu’il pourrait recourir aux armes contre le pouvoir en place une menace inquiétante pour la stabilité nationale.

L’Est du Congo saigne

Chaque jour, des vies sont perdues dans les affrontements entre les forces armées congolaises et les groupes rebelles. Le sang versé à l’Est de la RDC est devenu un symbole tragique d’une crise politique qui a pris une dimension ethnique, tribale et géopolitique. Le conflit n’épargne personne, indépendamment de l’origine ou de l’appartenance communautaire.

Appel au bon sens

Quelles que soient les critiques à l’encontre de Félix Tshisekedi, son mandat doit aller à son terme dans le respect de la Constitution. La RDC ne peut se permettre une nouvelle crise institutionnelle. De son côté, Joseph Kabila, installé à Goma — une ville sous forte influence des rebelles —, doit clarifier sa position. Son silence et ses mouvements prêtent à confusion.

La République démocratique du Congo mérite mieux que d’être l’otage de querelles entre deux anciens partenaires politiques. L’heure est à la paix, à la réconciliation et à la reconstruction. Le peuple congolais aspire à une chose simple : vivre dans la dignité, la paix et la sécurité.

La Rédaction

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