Dans une déclaration forte faite lors d’une émission diffusée dimanche 25 mai sur la RTNC, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a affirmé que la République démocratique du Congo (RDC) ne transigera plus sur la souveraineté de ses ressources naturelles. Face aux enjeux géopolitiques et économiques qui se jouent autour des minéraux stratégiques du pays, il a tenu à clarifier la position de Kinshasa : « La souveraineté sur nos matières premières, oui ! »
Alors que la RDC s’apprête à conclure un nouvel accord avec les États-Unis portant sur la gestion de ses ressources minières, Patrick Muyaya reconnaît que « le prix à payer pour la paix semble être énorme« . Il évoque en filigrane une forme de partage de souveraineté, une idée qui commence à faire son chemin au sein de l’opinion publique. « Ce pays, d’une certaine manière, nous appartient, mais pas seulement à nous-mêmes« , a-t-il concédé, soulignant la présence d’acteurs extérieurs qui s’impliquent de plus en plus dans la gouvernance des richesses congolaises.
Cependant, Muyaya se veut rassurant : ce partenariat avec les Américains ne se fera pas au détriment des populations locales.
« Les solutions du monde qui doivent partir de la RDC pour les autres pays du monde ne doivent pas y aller aux dépens des populations congolaises », insiste-t-il.
En d’autres termes, la RDC entend désormais imposer ses conditions et défendre ses intérêts dans toutes les négociations internationales.
Il rappelle par ailleurs les erreurs du passé : du caoutchouc exploité sous Léopold II à l’uranium utilisé pour fabriquer la bombe atomique, sans oublier le coltan, le cobalt ou encore le lithium, tous extraits à fort coût humain. « Je ne voudrais pas rappeler tous les massacres…« , dit-il, visiblement ému, avant de rappeler que des millions de Congolais ont perdu la vie dans des conflits liés aux ressources du pays.
La volonté de rupture est également visible dans la relecture des accords miniers précédents. L’accord signé avec la Chine, qualifié un temps d’ »accord du siècle », a été réévalué par le président Félix Tshisekedi, au motif qu’il avait été conclu « au dépens des intérêts des Congolais« . Muyaya se félicite aujourd’hui de cette audace politique qui commence à porter ses fruits économiques.
Au-delà des questions minières, la RDC entend aussi jouer son rôle régional de stabilisateur et de moteur d’intégration. Muyaya évoque avec nostalgie la CEPGL (Communauté Économique des Pays des Grands Lacs) et les projets tels que la BDGL ou la CINELAC, qui symbolisent une coopération régionale constructive. « Nous avons un rôle stratégique« , a-t-il indiqué, appelant à ne pas perdre de vue l’objectif de paix régionale durable.
Enfin, le porte-parole du gouvernement justifie l’ouverture vers les États-Unis par la nécessité d’un échange équilibré. « Nous sommes dans un échange, mais un échange qui ne se fera pas aux dépens des Congolais« , conclut-il, évoquant aussi les pressions qui pèsent sur les géants technologiques américains, dépendants des minerais congolais. Selon lui, cette interdépendance peut devenir une opportunité historique pour rebâtir une paix durable et juste dans la région.
CKK