Dans une émission diffusée sur la RTNC dimanche 25 mai , Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement congolais, a fermement écarté toute tentative de retour en grâce de l’ancien président Joseph Kabila. « C’est un homme du passé », a-t-il martelé, en insistant sur l’incapacité de ce dernier à proposer des solutions viables aux défis actuels du pays. Muyaya a évoqué, à titre d’exemple, l’incapacité de l’ancien régime à garantir l’accès aux examens d’État pour les enfants vivant dans les zones sous occupation armée.
Au cœur de l’échange, la question de la réconciliation nationale a été abordée avec nuance, mais fermeté. Le ministre a rejeté toute «réconciliation de façade» dictée par des intérêts électoraux ou des frustrations personnelles. Selon lui, une véritable réconciliation ne peut être envisagée qu’à partir d’un diagnostic sincère des causes profondes des crises congolaises, y compris la responsabilité du Rwanda, souvent minimisée par certains acteurs politiques.
Sur le dossier brûlant de l’Est du pays, Muyaya a pointé du doigt Kigali, qu’il accuse d’orchestrer une guerre hybride via les rebelles du M23 pour piller les ressources minières congolaises. «Ceux qui refusent de nommer l’agresseur manquent de patriotisme, ou pire, sont complices», a-t-il déclaré, dénonçant une forme de duplicité politique dans le traitement du conflit.
À l’international, le ministre a salué les efforts diplomatiques en cours, notamment ceux engagés à Doha sous l’égide du Qatar, du Togo et des États-Unis. Il a rappelé que ces démarches s’inscrivent dans le cadre de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, tout en admettant que la voie diplomatique, bien qu’essentielle, reste lente face à la complexité de la situation.
Interrogé sur la gestion des ressources naturelles, Muyaya a défendu une posture de fermeté. Il a réaffirmé le refus de céder à toute forme de « bardage » des richesses nationales. Citant le réajustement de l’accord sino-congolais, il a illustré la volonté du gouvernement de restaurer une souveraineté économique souvent compromise par des accords inégaux ou opaques du passé.
Le porte-parole a aussi reconnu que la RDC évolue dans un environnement géopolitique tendu, où les ressources stratégiques attisent les convoitises. Toutefois, il a exclu toute idée de «partage de souveraineté», insistant sur la nécessité de défendre les intérêts congolais avec « responsabilité et lucidité ».
En filigrane, Muyaya a opposé deux visions du Congo : celle d’un passé marqué par les compromissions et les échecs de gouvernance, et celle d’un présent résolu à affronter les défis sécuritaires, diplomatiques et économiques avec rigueur. Une démarcation claire, qui entend dessiner les contours d’un nouvel élan national.
CKK