Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, se retrouve au cœur d’une tempête judiciaire. Ce jeudi 29 mai 2025, l’Assemblée nationale a jugé recevable le rapport de la commission spéciale chargée d’examiner le réquisitoire émis par le procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde. Ce développement ouvre la voie à l’instruction judiciaire contre le ministre, soupçonné de malversations dans un projet public majeur.
Selon le rapport présenté par André Lite, rapporteur de la commission, les faits reprochés à Constant Mutamba concernent un détournement présumé de 19 millions de dollars américains, sur une enveloppe de 39 millions, allouée à la construction d’une prison à Kisangani, dans la province de la Tshopo. S’ajoutent des soupçons de violation des procédures de passation des marchés publics. La commission a relevé de nombreuses « zones d’ombre » et « contradictions » dans les versions livrées par les parties auditionnées, estimant que seule une instruction judiciaire permettrait de faire la lumière.
« Les faits mis à charge du Ministre Constant Mutamba sont d’une extrême gravité aux yeux de la loi congolaise », a déclaré la commission dans son rapport, tout en soulignant l’importance de garantir au ministre « le droit de présenter ses moyens de défense ». La démarche parlementaire marque ainsi un tournant décisif dans cette affaire sensible, mêlant justice, politique et finances publiques.
Mais Constant Mutamba ne compte pas se laisser faire. S’exprimant devant des agents et cadres de son ministère, le ministre a vivement contesté la légitimité de la procédure lancée contre lui. Selon lui, le procureur général Firmin Mvonde, étant lui-même sous enquête, « n’a pas qualité pour initier des poursuites ». Il a même appelé les membres de son administration à ignorer les convocations du parquet. « Je leur ai demandé de ne pas s’y rendre », a-t-il martelé, sous les applaudissements.
Rejetant toute idée de fuite ou de culpabilité, le ministre de la Justice a également lancé une charge politique contre son accusateur. « Dites au procureur général qu’il ne me verra jamais devant lui pour me défendre. Je n’ai pas peur de la prison, je suis prêt. Il a commis une faute disciplinaire grave », a-t-il déclaré avec véhémence. Il a poursuivi : « Celui qui fait l’objet d’enquêtes ne peut pas initier une action contre le ministre de la Justice. »
Dans un ton encore plus incisif, Constant Mutamba a accusé Firmin Mvonde de motivations politiques. « Il voulait m’humilier pour ternir ma réputation. Dites-leur que le dieu de mes ancêtres est plus fort que leurs dieux », a-t-il affirmé. Et de conclure : « Dites-leur que je suis venu les affronter : me voici à Kinshasa, je suis au palais de justice. »
B.A