La rédaction de Surveillance.cd s’est rendue ce jeudi 29 mai sur la route Kafubu, un axe vital reliant la commune de Kampemba à plusieurs villages reculés et établissements de la périphérie de Lubumbashi dans le Haut-Katanga. Longue de plusieurs kilomètres, cette route serpente à travers une végétation dense pour desservir notamment un internat qui accueille chaque année des dizaines d’élèves. Autrefois praticable, elle est aujourd’hui méconnaissable : un tracé en ruine, devenu un véritable calvaire pour les usagers.
Le bitume a laissé place à des cratères béants, des mares d’eau stagnante et des portions glissantes transformées en bourbiers. Pendant la saison des pluies, la route devient impraticable. Les motos-taxis et les camions artisanaux, souvent surchargés, s’embourbent ou tombent en panne. À certains endroits, les habitants tentent de réparer tant bien que mal en remplissant les crevasses avec des pierres ou des branchages, dans l’espoir de maintenir une circulation minimale.
Cette voie n’est pas seulement un lien entre les villages ; elle est aussi le principal corridor par lequel transitent les produits agricoles vers les marchés urbains de Lubumbashi. Fruits, légumes, manioc et autres denrées circulent chaque jour sur cette route. Le mauvais état de l’infrastructure cause d’énormes retards, des pertes de marchandises et une flambée des prix sur les marchés locaux, impactant directement la sécurité alimentaire, en particulier celle des élèves de l’internat de Kafubu.
« Chaque semaine, les vivres que nous devons livrer à l’internat arrivent en retard ou en mauvais état », témoigne Michel Ilunga, un commerçant de Kampemba. « Il nous arrive de rester coincés pendant des heures, voire de rebrousser chemin. Cela devient invivable. » Selon lui, le coût du transport a triplé en deux ans, une charge qui se répercute sur les consommateurs les plus vulnérables.
De leur côté, les habitants dénoncent une négligence persistante des autorités locales. Malgré de nombreuses promesses électorales et visites d’inspection, aucune réhabilitation concrète n’a été entamée. « Nous avons l’impression d’être oubliés », confie le chef du village . « Même une ambulance ne peut pas passer. En cas d’accident ou d’accouchement compliqué, nous devons improviser avec des moyens rudimentaires. C’est une souffrance permanente. »
Ce désespoir est partagé par de nombreux jeunes de la région, pour qui l’état de la route constitue un frein à l’éducation et aux opportunités. « À cause des coupures de route, je suis arrivé en retard aux examens l’an dernier », raconte Grâce Mwamba, une élève de l’internat. « Certains de mes camarades ont même dû abandonner l’école. »
Face à cette urgence, les populations locales réclament une intervention rapide et durable. Pour elles, la réhabilitation de la route Kafubu dépasse le simple enjeu de mobilité. Elle incarne un droit fondamental à la dignité, à l’éducation, à la santé et au développement économique. Les regards sont désormais tournés vers les autorités, dans l’espoir que cette voie de vie ne soit plus une voie de croix.
Paméla Mbinga