Face à l’ampleur des défis communicationnels dans un monde numérique en constante évolution, le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a lancé un appel à la mobilisation internationale contre la désinformation, lors de la clôture du forum « Rencontres Culture Mémoire Fraternité » tenu du 28 au 31 mai à Kinshasa. Dans un discours dense et engagé prononcé au Sultani River, il a souligné l’urgence d’une « réponse globale » face à cette menace grandissante qui fragilise les démocraties et les équilibres géopolitiques.
Insistant sur l’impact délétère des fake news et des récits biaisés sur l’image de la République démocratique du Congo (RDC), Muyaya a pointé du doigt certaines pratiques médiatiques internationales. « La diffusion de fake news et de récits biaisés, alimentés par certains médias et ONG », a-t-il dénoncé, estimant que ces contenus altèrent la perception de la RDC à l’étranger et influencent négativement les relations diplomatiques. Il a plaidé pour une régulation mondiale des contenus mensongers, particulièrement sur les réseaux sociaux.
Le ministre est également revenu sur les racines historiques des tensions régionales, notamment l’ouverture des frontières après le génocide rwandais de 1994. Un moment charnière où, selon lui, « la communauté internationale a joué un rôle ambigu ». En contraste, il a mis en lumière le rôle oublié mais crucial de la RDC dans les grands enjeux mondiaux, citant sa contribution durant la Seconde Guerre mondiale, ses vastes forêts et ses ressources stratégiques comme le cobalt ou le coltan.
Au-delà du narratif géopolitique, Patrick Muyaya a également évoqué le lien direct entre la désinformation et l’exploitation illégale des ressources naturelles, un facteur aggravant de l’insécurité persistante dans l’est du pays. Il a souligné les tensions récurrentes entre la RDC et le Rwanda, appelant cependant à une désescalade durable. « Un appel fort à la paix et à la fraternité entre les peuples voisins », a-t-il lancé, en appelant à une approche concertée pour désamorcer les conflits d’intérêts.
La guerre de l’information, a-t-il poursuivi, ne se limite pas à la propagation de fausses nouvelles : elle alimente également les discours de haine et renforce les divisions identitaires. Une menace qui, selon lui, remet en cause la stabilité sociale. « La RDC est constituée d’un ensemble de minorités. Il n’y a pas une tribu qui soit plus minoritaire qu’une autre », a-t-il affirmé, défendant ainsi la richesse de la diversité congolaise.
Très préoccupé par les nouvelles technologies, Patrick Muyaya a mis en garde contre les dangers que représentent les deepfakes et autres outils numériques de manipulation de masse. Des techniques qui rendent, selon lui, « la manipulation de l’opinion publique encore plus insidieuse ». Il a exhorté les institutions internationales à créer des mécanismes de veille et de régulation afin d’encadrer ces dérives et de sensibiliser les citoyens.
En conclusion, le ministre a réitéré l’engagement du gouvernement congolais à défendre les valeurs de paix, de solidarité et de fraternité, qu’il a qualifiées de « piliers indispensables dans un monde en pleine mutation ». Un message fort envoyé depuis Kinshasa, dans l’espoir de provoquer une prise de conscience collective face à la montée de cette guerre informationnelle silencieuse mais redoutablement efficace.
CKK