Une attaque armée d’une rare gravité a secoué la paisible localité minière de Kakanda, dans le territoire de Lubudi (province du Lualaba), dans la nuit du mardi 4 juin aux environs de 23 heures. Des individus en uniforme, récemment expulsés du site minier de Boss Mining, ont tenté de s’y réintroduire de manière illégale, déclenchant une confrontation violente avec les agents de sécurité de la société G4S.
Les assaillants ont ouvert le feu sur deux agents non armés. Le premier, grièvement blessé, lutte actuellement pour sa survie, tandis que le second, plus légèrement atteint, a été évacué pour des soins. Selon des sources locales concordantes, les deux victimes auraient été secourues in extremis par des membres de la communauté, après avoir été retrouvées dans un bassin d’eau, surnommé l’eau verte, où elles auraient été jetées par les agresseurs.
Face à cette situation dramatique, la société Boss Mining a réagi avec célérité, assurant la prise en charge médicale d’urgence des blessés. Des sources hospitalières évoquent des fractures sévères, justifiant un transfert à Lubumbashi pour une meilleure prise en charge.
Une attaque aux relents de défiance envers l’État
Ce nouvel épisode de violence armée intervient dans un climat particulièrement tendu, quelques jours à peine après la visite dans la région de Pitchou Zonde, chargé de mission du président de la République. Cette mission visait à évaluer la situation sécuritaire dans les périmètres miniers stratégiques du Lualaba. L’attaque de ce mardi soir apparaît ainsi comme un affront direct aux efforts de stabilisation en cours.
Les autorités locales et la communauté de Kakanda ont unanimement condamné cette attaque ciblée, appelant à un retour urgent à l’ordre et à la sécurisation des sites miniers, de plus en plus victimes d’incursions clandestines.
Un climat d’insécurité qui s’enlise
Depuis plusieurs mois, la région de Kakanda est le théâtre de tensions persistantes liées à l’exploitation minière. Les incursions illégales sur les concessions industrielles se sont multipliées, souvent menées par des groupes armés ou des hommes en uniforme, parfois issus d’anciens déploiements officiels devenus incontrôlables.
Cette situation rend l’action des forces de l’ordre plus complexe et contribue à l’instabilité du climat sécuritaire. Elle alimente également un malaise profond au sein de la population locale, prise au piège entre les intérêts économiques, les enjeux sécuritaires et les revendications sociales dans cette région stratégique, riche en ressources minières mais gangrenée par les conflits d’intérêts.
Un appel au sursaut national
Les événements de Kakanda posent une fois de plus la question cruciale de la gouvernance des ressources naturelles en République démocratique du Congo. Ils mettent en lumière l’urgence de réformes profondes, tant sur le plan sécuritaire que réglementaire, pour éviter que ces zones minières ne se transforment en poudrières incontrôlables.
B.A