Ce qui fut jadis un sanctuaire de biodiversité, un espace d’éducation environnementale et un patrimoine vivant au cœur de la capitale congolaise, est aujourd’hui en état de délabrement avancé. Le Jardin botanique de Kinshasa, fleuron oublié de la nature congolaise, se meurt dans l’indifférence quasi générale.
Construit à l’époque coloniale comme centre de recherche scientifique, le jardin était une véritable vitrine de la flore congolaise et africaine. On y retrouvait une diversité d’espèces rares, certaines endémiques, ainsi qu’une vocation pédagogique destinée aux écoles, chercheurs et amoureux de la nature. Mais ce passé glorieux n’est plus qu’un souvenir.
Des églises là où poussaient des arbres
Aujourd’hui, ce lieu de savoir et de paix est méconnaissable. À la place des plantes médicinales ou des arbres centenaires, des églises de fortune émergent, sans autorisation ni vision. L’espace est morcelé, loué ou vendu à des intérêts privés au mépris de toute planification écologique.
« C’est honteux. Le Jardin botanique est devenu un marché, une cour d’église, un champ de ruines. Où est l’État ? », s’indigne Thérèse, une habitante de la commune de la Gombe. Elle n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme. Plusieurs voix s’élèvent dans la société civile pour dénoncer l’anarchie qui gangrène ce site emblématique.
Un silence coupable des autorités
Le mutisme des autorités locales et nationales est perçu comme une complicité passive. Malgré les promesses de réhabilitation faites lors de multiples campagnes électorales, aucune action concrète n’a été menée pour restaurer ou protéger ce patrimoine.
Des observateurs estiment qu’une véritable politique de sauvegarde de la biodiversité urbaine fait encore défaut à Kinshasa. Le Jardin botanique, tout comme le Zoo de Kinshasa, devient le symbole d’un abandon généralisé des espaces publics et de la nature en ville.
Un appel urgent à la mobilisation
Il est encore temps d’agir. Des experts en environnement plaident pour un plan de sauvetage immédiat : déguerpir les églises illégales, reboiser, sécuriser le site, et y relancer des programmes éducatifs et scientifiques. Sans cela, le Jardin botanique ne sera bientôt plus qu’un nom sur une vieille carte.
Car laisser mourir un jardin botanique, ce n’est pas seulement perdre un espace vert. C’est renoncer à une partie de la mémoire, de la science et de l’avenir.
B.A