Alors que la République démocratique du Congo (RDC) représente plus de 70 % de la production mondiale de cobalt, le gouvernement congolais veut tourner la page de l’exportation brute de ses ressources. La levée de la suspension temporaire de l’exportation du cobalt brut, en vigueur depuis février et prévue jusqu’au 22 juin, s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation industrielle et de souveraineté économique.
Lors d’un briefing conjoint mercredi 11 juin à Kolwezi, le ministre des Mines Kizito Pakabomba a justifié cette décision par la nécessité de préserver les emplois et d’éviter un désengagement des investisseurs.
« Qui opérait dans ce secteur avec le cobalt ne trouvait plus de rentabilité et donc avait cette question qu’elle se posait : est-ce que nous devons arrêter nos activités ici, mettre les Congolais au chômage et repartir avec nos investissements ? », s’est-il interrogé.
Le ministre affirme que la mesure a déjà eu un effet bénéfique sur les prix du minerai. « Le cobalt a pris plus de 60 % » depuis la mise en œuvre de la suspension, a-t-il souligné, y voyant un signal encourageant pour l’avenir du secteur. Mais pour Kizito Pakabomba, il ne s’agit pas simplement de profiter d’un sursaut du marché. « Nous ne sommes pas simplement à la recherche d’un meilleur prix. Nous sommes à la recherche justement de pouvoir être un pays qui ne soit plus un pays qui exporte des produits bruts, mais surtout un pays qui fait de la transformation locale. »

L’objectif affiché est ambitieux : faire du cobalt un levier de développement industriel national, en promouvant la création d’emplois qualifiés et en facilitant le transfert de technologies. « Cette transformation permettra non seulement la création d’emplois qualifiés, mais aussi un véritable transfert de technologie », a insisté le ministre.
Toutefois, la stratégie gouvernementale suscite des débats, notamment sur la scène politique locale. La gouverneure de la province du Lualaba, Fifi Masuka, a critiqué le choix du gouvernement d’organiser des discussions à l’étranger, notamment à Singapour. « Mme la Gouverneure vient de rappeler que nous n’avons pas besoin d’aller à l’étranger pour parler du cobalt. Le cobalt, 70 % se fait ici et la grande majorité au Lualaba. Nous pouvons aller au village des congrès pour débattre de cette thématique », a-t-elle lancé.
Le ministre a tenu à souligner que la suspension actuelle n’est qu’une première étape dans un processus de concertation plus large. « Nous avons consulté, nous avons échangé avec les différentes parties prenantes », a-t-il assuré. Une série de propositions seront soumises après le 22 juin, à l’issue de la période de gel des exportations.
CKK