Le développement du secteur minier congolais est en sursis. Lors du lancement de la 20ᵉ édition de la DRC Mining Week tenue à l’hôtel Pullman Grand Karavia à Lubumbashi, l’entreprise minière Tenke Fungurume Mining (TFM), par la voix d’Hugo Sinza, a lancé un avertissement sévère : la crise énergétique paralyse l’essor industriel de la RDC.
« Être développeur d’énergie en RDC aujourd’hui ne relève pas seulement du courage. Il faut plus que du courage », a déclaré Hugo Sinza, représentant du conseiller principal chez TFM et président de la Chambre des mines.
Derrière les coupures de courant se cache un labyrinthe administratif. Multiplicité d’autorisations, chevauchement des compétences ministérielles, fiscalité décourageante. Bref, le système congolais freine l’investissement privé dans le secteur de l’énergie. Résultat : la libéralisation du secteur est restée lettre morte.
« Pendant que la RDC piétine, ses voisins comme la Zambie, l’Angola et la Tanzanie accélèrent leurs projets, parfois même pour répondre à notre propre demande énergétique », a-t-il déploré.
Des mines affamées d’énergie
Géant du cuivre et du cobalt dans la province du Lualaba, TFM paie cher l’inaction de l’État. Rationnements, générateurs au diesel, production au ralenti… et pertes colossales à la clé.
« Chaque minute sans un mégawatt de plus, c’est une perte pour le pays », a martelé Sinza. Les districts miniers sont en pleine croissance, mais privés de l’oxygène énergétique qu’il leur faut pour prospérer.
L’argent existe… mais il dort
TFM appelle à une mobilisation urgente des ressources financières internes. Le Fonds des générations futures, la CNSS ou encore les lignes budgétaires publiques pourraient soutenir un partenariat public-privé dynamique.
« Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de volonté et d’ingéniosité financière », a-t-il affirmé.
Le temps des promesses est révolu
Avec un potentiel hydroélectrique de 100 000 MW, la RDC pourrait être une puissance énergétique régionale. Pourtant, sur le terrain, les groupes électrogènes continuent de tourner à plein régime, faute de solutions structurelles.
« Sans énergie, il n’y aura ni industrialisation, ni transformation locale, ni développement », a insisté Sinza, appelant à un pacte national pour l’énergie impliquant l’État, le secteur privé, les partenaires techniques et la population.
Le message de TFM est clair : pas d’énergie, pas de mines, pas d’avenir. Il est temps pour la RDC de sortir du cycle des promesses pour entrer dans celui de l’action. Car l’industrie minière, poumon économique du pays, ne peut prospérer dans le noir.
B.A