Ce jeudi 12 juin 2025 marque un sombre anniversaire pour la République démocratique du Congo (RDC) : trois années d’occupation de la ville stratégique de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Une situation dénoncée avec vigueur par Dénis Mukwenge, ancien prix Nobel de la paix, qui pointe du doigt « l’impunité » persistante et appelle la communauté internationale à prendre des mesures concrètes.
Depuis juin 2022, la population locale vit dans une insécurité chronique, entre déplacements forcés et survie sous la menace constante des rebelles du M23, soutenus par Kigali, selon Mukwenge. Cette présence illégale constitue, selon lui, une violation grave de la souveraineté congolaise et un frein à la stabilité régionale.
L’occupation de Bunagana s’inscrit dans un schéma plus large d’ingérence rwandaise, qui a conduit à l’installation d’administrations parallèles illégales dans plusieurs parties du Nord et Sud-Kivu. Une stratégie qualifiée par Mukwenge de tentative d’annexion des provinces de l’Est, exacerbant les tensions et menaçant l’intégrité territoriale du pays.
Par ailleurs, Dénis Mukwenge critique vivement le manque de réaction efficace du gouvernement congolais. Malgré des déclarations officielles affirmant leur engagement, les autorités peinent à mettre en œuvre des réformes dans les secteurs clés de la sécurité et de la justice, ce qui contribue à la dégradation continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région.
Sur la scène internationale, la réponse est jugée insuffisante. La résolution 2773 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en février 2025, visant à encadrer le retrait des forces illégales, reste lettre morte, tandis que les condamnations diplomatiques se limitent à des formules de politesse sans réelle pression sur Kigali.
Face à ce constat, Mukwenge appelle à une mobilisation internationale accrue, exhortant les États et institutions à user de sanctions politiques et économiques fortes contre le Rwanda. Il insiste sur la nécessité de forcer un retrait immédiat des forces occupantes, pour restaurer la paix et la souveraineté en RDC.
Enfin, dans un message empreint de solidarité, l’ancien lauréat du prix Nobel rappelle que seule la justice, accompagnée de réparations, peut mettre fin au cycle de violence qui ravage les Grands Lacs. Il met en garde contre les négociations de paix qui sacrifieraient la justice, soulignant que l’impunité ne ferait que perpétuer les conflits.
B.A