C’est un signal fort que les autorités judiciaires viennent d’envoyer à l’ensemble de l’administration publique. Ce lundi, les hauts magistrats de la République démocratique du Congo ont entamé une formation intensive de trois semaines à Kinshasa, centrée sur la réglementation et les bonnes pratiques en matière de passation des marchés publics.Un domaine longtemps gangrené par des pratiques de favoritisme, des conflits d’intérêts, des surfacturations, et un détournement systématique des deniers publics.
Organisée en partenariat avec l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) et soutenue par des experts internationaux, cette formation vise à renforcer les capacités des magistrats pour un contrôle plus rigoureux et impartial des procédures de passation. L’objectif est clair : en finir avec les marchés fictifs, les adjudications douteuses et les enrichissements illicites opérés sous couvert de contrats publics.
« Les magistrats doivent jouer un rôle de rempart. Leur formation sur ces questions est essentielle pour juguler les réseaux mafieux qui prospèrent autour des marchés publics », a confié un formateur sous anonymat.
Un outil judiciaire contre la prédation
En dotant les hauts magistrats d’une meilleure compréhension du cadre légal et technique des marchés publics, l’État espère renforcer la traçabilité, mais surtout les sanctions à l’encontre des gestionnaires publics corrompus. Car jusqu’ici, malgré les dénonciations répétées de l’Inspection générale des finances (IGF), bon nombre de dossiers finissent par s’évanouir dans les couloirs obscurs de l’impunité.Cette initiative pourrait marquer un tournant.
« Il est temps que les décisions de justice suivent les scandales révélés. Une formation est utile, mais c’est la volonté d’appliquer la loi qui fera la différence », commente un juriste congolais.
Cette formation intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la société civile et certaines institutions accusées de laisser prospérer les pratiques frauduleuses. En se saisissant du dossier de la passation des marchés publics, la magistrature semble vouloir reprendre l’initiative. Une démarche saluée par plusieurs ONG, qui réclament désormais des procès exemplaires.Si cette initiative se traduit par des poursuites concrètes, elle pourrait bien devenir une pierre angulaire dans la lutte contre la corruption endémique qui mine la République.