La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CAHDP) a infligé un sérieux revers juridique au Rwanda en rejetant l’ensemble des exceptions qu’il avait soulevées concernant les crimes commis dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Lors de l’audience publique consacrée à l’examen des objections rwandaises, la Cour s’est déclarée pleinement compétente pour juger les faits dénoncés par Kinshasa, qualifiant la requête de la RDC de recevable, et ordonnant à Kigali de déposer ses conclusions de fond dans un délai de 90 jours.
Cette décision marque un tournant dans la bataille diplomatique et judiciaire que mène la RDC pour faire reconnaître et condamner les exactions présumées commises sur son territoire par des forces rwandaises ou soutenues par Kigali.
« La justice internationale commence à prendre ses responsabilités. Ce jour marque une victoire importante pour les droits des Congolais, et pour la mémoire des victimes de l’Est », s’est félicité Paul Nsapu, président de la Commission nationale des droits de l’homme de la RDC, à l’issue de l’audience tenue au siège de la Cour à Arusha, en Tanzanie.
Cette décision ouvre désormais la voie à une instruction de fond des accusations formulées par la RDC contre le Rwanda. Selon Kinshasa, les crimes dénoncés incluent des massacres, des déplacements forcés de populations, et l’exploitation illégale des ressources naturelles — des faits régulièrement documentés par l’ONU et des ONG internationales.
Le gouvernement rwandais, de son côté, nie toute implication directe, affirmant que les violences dans l’est de la RDC relèvent de conflits internes congolais et non de son action militaire ou politique.
Prochaine étape : la réponse du Rwanda, attendue dans un délai de trois mois. Le verdict final de la Cour, lui, pourrait prendre plusieurs mois, voire années, mais pour Kinshasa, cette première victoire procédurale est déjà une avancée politique majeure.