Le Professeur Docteur Tharcisse Loseke, figure intellectuelle et politique respectée en République démocratique du Congo, tire la sonnette d’alarme : l’absence de véritables contre-pouvoirs dans le pays est l’une des principales causes de sa mauvaise gouvernance.
Dans une prise de parole remarquée ce mardi, l’universitaire a pointé du doigt un Parlement aux ordres de l’Exécutif et une société civile affaiblie, instrumentalisée ou muselée, incapable de jouer son rôle de vigie démocratique.
« Lorsque le pouvoir n’est pas contrôlé, il s’autodétruit. La démocratie ne peut fonctionner sans équilibre entre les institutions et sans un contrepoids citoyen fort », a déclaré le Professeur Loseke, soulignant que les abus actuels en matière de gestion publique, de corruption et d’impunité trouvent leur origine dans cette dérive institutionnelle.
Un Parlement inféodé
Selon lui, l’Assemblée nationale et le Sénat, censés être des remparts contre les excès de l’Exécutif, sont devenus des chambres d’enregistrement. Il dénonce le manque de débats de fond, l’absence de contrôle sérieux sur l’action gouvernementale et la passivité face aux scandales financiers.
La société civile en perte de repères
Quant à la société civile, longtemps fer de lance des luttes citoyennes en RDC, elle est aujourd’hui morcelée, infiltrée et parfois compromise. « Le pouvoir a appris à coopter les voix les plus critiques, à corrompre les plus bruyants et à décourager les plus sincères », analyse-t-il avec amertume.
Un appel à la réforme institutionnelle
Le Professeur Loseke plaide pour une réforme structurelle de l’architecture institutionnelle congolaise, avec un renforcement réel de l’indépendance parlementaire, une libération de l’espace civique, et la mise en place de mécanismes de reddition de comptes effectifs.
« Le développement de notre pays ne viendra pas des aides extérieures ou des slogans de campagne, mais de notre capacité à instaurer un système politique équilibré, où chaque institution joue son rôle sans peur ni faveur. »
« Le développement de notre pays ne viendra pas des aides extérieures ou des slogans de campagne, mais de notre capacité à instaurer un système politique équilibré, où chaque institution joue son rôle sans peur ni faveur. »
Son message s’adresse aussi à la jeunesse congolaise : « Reprendre le flambeau du changement exige du courage, de la rigueur intellectuelle et une volonté de servir, et non de se servir. »