Alors que la République démocratique du Congo traverse une période critique marquée par les tensions sécuritaires à l’Est, la grogne sociale dans les villes et un climat politique tendu, le député national et professeur Godé Mpoyi est monté au créneau pour dénoncer un fléau qui, selon lui, mine dangereusement les fondements de l’État.
Dans une déclaration virulente, l’ancien président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa déplore l’impunité dont jouissent certains acteurs puissants, qu’il accuse de s’adonner au pillage systématique des ressources, aux expropriations sauvages et à des atteintes répétées au droit fondamental de propriété.
« Ceux qui volent des millions, ceux qui ravissent les biens des autres, ceux qui ne respectent pas le droit de propriété, n’aiment pas le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo », lance-t-il, dans une critique qui cible aussi bien les fauteurs de troubles économiques que les fossoyeurs de l’État de droit.
Pour le professeur Godé Mpoyi, l’injustice sociale et les abus d’autorité ne sont pas de simples dysfonctionnements administratifs, mais de véritables bombes à retardement.
« À cette allure, même si on signait des accords avec les anges, on risque de ne pas avoir la paix en RDC », prévient-il.
L’allusion est claire : tant que les institutions ne garantissent pas la justice, la dignité humaine et la sécurité juridique à tous les citoyens, aucun processus de paix, aussi bien intentionné soit-il, ne pourra aboutir durablement.
Cette déclaration survient dans un contexte où de nombreuses voix s’élèvent déjà pour dénoncer les dérives des autorités locales ou nationales dans les affaires foncières, la gestion des ressources publiques ou les pratiques répressives des forces de l’ordre. À Kinshasa comme dans les provinces, les cas de démolitions arbitraires, de spoliations de terrains, d’arrestations extrajudiciaires et de harcèlement judiciaire se multiplient, nourrissant un sentiment profond d’injustice.
« Trop, c’est trop » : un appel à la résistance constitutionnelle
Face à cette situation qu’il juge intenable, le député national Godé Mpoyi appelle à une mobilisation citoyenne pacifique mais déterminée.
« Je demande à toutes les victimes de nous rejoindre dans ce combat, dans le strict respect de la Constitution », déclare-t-il, dans une posture qui tranche avec l’indifférence ou la résignation d’une partie de la classe politique.
Son message est aussi un plaidoyer pour une gouvernance plus éthique, fondée sur le respect des lois, des droits individuels et de la justice sociale. En mettant en lumière les conséquences profondes de l’arbitraire, il avertit que la fracture sociale actuelle pourrait se transformer en fracture nationale, fragilisant encore davantage l’unité du pays.
En filigrane, cette sortie publique qui intervient juste après la démolition de sa maison, sonne comme une interpellation directe du pouvoir en place. En défendant que les vrais ennemis du chef de l’État sont ceux qui trahissent sa vision de l’État de droit, Godé Mpoyi appelle implicitement le président Félix Tshisekedi à recadrer son entourage, ses collaborateurs et ses services de sécurité. Pour lui, aimer le Président, ce n’est pas flatter sa personne, mais défendre les valeurs républicaines qu’il incarne.
Alors que les signaux de tension s’accumulent à l’Est avec le M23, dans les provinces avec des frustrations liées à la marginalisation et à l’injustice, dans la capitale avec la colère des expropriés et des pauvres, l’appel de Godé Mpoyi prend la forme d’un avertissement. Si rien n’est fait, dit-il, l’arbitraire pourrait finir par légitimer les discours séparatistes, nourrir la défiance des citoyens envers l’État, et ouvrir un boulevard à la balkanisation tant redoutée du Congo.