La République Démocratique du Congo franchit une étape décisive dans la réforme de sa Fonction publique. L’avant-projet de la nouvelle politique salariale a été examiné par la tripartite Fonction Publique – Budget – Finances. Une initiative saluée comme un tournant historique vers une rémunération plus juste, équitable et durable des agents de l’État.
Fruit d’un travail collaboratif entre les experts du gouvernement et l’Intersyndicale nationale de l’administration publique (INAP), ce document stratégique vise à corriger les disparités criantes dans les salaires publics, longtemps dénoncées par les fonctionnaires.
« Tous les agents publics nous regardent. Ce projet va définir l’essentiel de la vie nationale pour les prochaines décennies, » a déclaré Jean-Pierre Lihau, Vice-Premier Ministre en charge de la Fonction publique, lors de la séance de travail.
Aux côtés de ses collègues Aimé Boji (Budget) et Doudou Fwamba (Finances), représenté par la Vice-ministre O’neige N’Sele, le ministre a insisté sur la volonté du gouvernement de “tourner la page des injustices sociales et des écarts salariaux inacceptables.”
Les discussions ont également porté sur la soutenabilité budgétaire du projet. Les ministres ont formulé des recommandations afin d’aligner la nouvelle politique sur les capacités financières de l’État, tout en respectant l’équilibre macro-économique.
“C’est un travail attendu par toute la nation. Nous avons presque atteint la version finale du document,” a assuré un membre de la commission technique.
Yannick Isasi Ndelo, vice-président du Comité de Suivi de la Paie (CSP), a confirmé que les observations des autorités ont été intégrées, pour faire du document un véritable outil de gestion stratégique des ressources humaines de l’État.
Depuis des années, la Fonction publique congolaise souffre d’un système de rémunération inégalitaire, avec des écarts salariaux jugés insoutenables entre catégories de fonctionnaires. Certains perçoivent des salaires et primes dérisoires tandis que d’autres captent une grande partie de l’enveloppe budgétaire.
Conscient de cette injustice, le Président Félix Tshisekedi avait instruit, dès juin 2024, son gouvernement de proposer une politique salariale fondée sur l’équité, la compétence et la performance.
“Nous devons éviter une République à deux vitesses, avec des privilégiés d’un côté et des oubliés de l’autre,” a martelé Jean-Pierre Lihau.
Le texte consolidé de cette nouvelle politique salariale sera bientôt soumis au Conseil des ministres pour adoption. Il constituera un levier majeur de transformation de l’administration publique, en redonnant dignité et motivation aux agents de l’État.
En cas d’adoption, cette réforme pourrait bien devenir l’un des piliers d’un État de droit plus efficace, plus humain et plus proche de ses citoyens.